C'est à l'occasion de la sortie du quatrième tome de la saga que je découvre le premier petit qui est sorti du nid. Inutile de dire la chaîne de causalité qui m'a conduit à lui, ce serait inutile et fastidieux. Il me suffit donc de rappeler la célébrité de la série pour que vous compreniez que, poussé par la curiosité, j'ai fini par céder à la tentation
Il faut préciser qu'à ce stade ma connaissance de l'univers « Hunger Games » se limite à la portion congrue. J'en connais le principe, si transparent dans le titre, qui a su, je crois, fournir sa popularité au roman. Et j'ai vu, il y a longtemps maintenant, un des films adaptés du bouquin – ne me demandez pas lequel, pas le premier, c'est un comble !
Ce qui est sûr, c'est que déjà, à ce moment, j'avais su être touché par l'univers développé par le film. « Hasta la victoria siempre » déjà : un classique ; indémodable de mon point de vue, du moment qu'il est bien traité. Et puis il y avait quelque chose de plus dans cet univers que je vais nommer pour simplifier : un aspect « télé-réalité ». Un peu comme si le Seigneur des Anneaux et le Truman Show s'étaient donné rendez-vous pour donner naissance à cet espèce de teen movie aux accents contestataires.
Inutile que je m'étende plus que nécessaire sur le film, puisque ce n'est pas le sujet. J'avais noté en tout cas que c'était une façon intéressante de faire que de montrer tout à la fois l'action et la mise en scène de l'action (grâce à l'utilisation de caméras, censés attiser la colère des autres districts, si je me souviens bien). Le principe est simple, mais diablement efficace – et forcément bien adapté au cinéma qui en use : on veut montrer au téléspectateur que tout est faux, que tout est images, apparences. Et au lieu de tomber dans le piège de la résignation ou de la dénonciation face à l'hypocrisie du Capitole, nos héros vont se servir de cette « image » véhiculée par la caméra pour inventer leur propre histoire, pour contester celle, officielle, venant du Capitole.



Une introduction



/!\Alerte : les parties qui suivent contiennent des spoilers. Sautez à la conclusion pour ceux qui veulent garder le suspens sur le contenu du livre.
Suzanne Collins apparemment, avant de se mettre à l'écriture de romans de fantasy, écrivait des scénarios pour des programmes télévisés de jeunesse. Je cite : « c'est la rencontre d'un auteur de livres pour enfants qui l'a poussé à se lancer elle aussi dans cette voie ». Pouvait-elle faire un meilleur choix que celui-là ? Sa série « Hunger Games » fait un carton ! Et elle a été adaptée au cinéma avec succès, rendant célèbre une certaine J-Lo (Jennifer Lawrence) : « Hey Trump ! F**k ! ». Dès lors, on imagine l'auteur, penchée sur son clavier, et veillée par une bien étrange ménagerie de chats sauvages, ramassés ci et là.
L'univers du livre peut se résumer de façon assez simple. L'action se déroule aux Etats-Unis, dans un futur indéterminé. Quelque chose a annihilé la quasi-totalité de la population mondiale (je ne me souviens plus si c'est une guerre ou un virus, mais il me semble que c'est un virus). Et sur les cendres de l'Ancien Monde se construit une nouvelle civilisation d'humains, qui sera dirigé d'une main de fer par le Capitole – Capitole qui a en quelque sorte asservi le reste de la population, et fait office de quartier maître au milieu de 12 autres « Districts » qui lui doivent obédience. Les Districts ont bien essayé de se révolter contre lui, mais ont finit par subir une cuisante défaite. D'ailleurs, il existait un Treizième District, qui a été détruit à la suite de cette révolte… c'est du moins ce qu'on nous raconte à l'issue du livre I.
C'est pour punir les 12 Districts pour s'être rebellés contre le Capitole que celui-ci a choisi d'instaurer les « Hunger Games » : un « jeu » sanglant où 24 concurrents s'affrontent dans une immense « Arène » à ciel ouvert, deux personnes par District, un jeune homme et une jeune femme. Le vainqueur est le dernier survivant dans l'Arène. Les autres… bah ils meurent ! Le vainqueur obtient la belle vie et des avantages pour son District. Diviser pour mieux régner : telle est la clé ! Bien sûr, ces « Hunger Games » ne sont pas sans nous rappeler les sept jeunes garçons et les sept jeunes filles envoyés – tous les sept ans ou tous les ans, c'est selon – dans le labyrinthe, qui servaient aussi de sacrifice expiatoire offert au Minotaure.



Le livre



Au départ, j'ai trouvé la caricature un peu grosse tout de même. Un méchant Capitole qui exploite et soumet à sa loi. Et douze Districts vivant dans le dénuement le plus total, tandis que le Capitole est au sommet de la Hi-Tech ! Et pour couronner le tout, Katniss Everdeen vit dans le District du Charbon – le charbon bon Dieu ! ils sont pas plus avancés que l'Allemagne ! - car il faut préciser que chaque District à sa spécialité (l'agriculture, les produits de luxe, etc). Et ça pour le coup, c'est ingénieux : il existe une stratification sociale ! Les Districts portant les numéros 1, 2, 3 ou 4 sont généralement les plus riches, tandis que les Districts 8, 9, 10, 11 et 12 sont les plus pauvres. Et les vainqueurs des « Hunger Games » sont généralement ceux des premiers Districts, mieux préparés.
Bon après il faut dire que si j'ai moins accroché durant la première partie du livre, ça n'a rien d'exceptionnel. C'est généralement le temps qu'il faut pour que l'univers se mette en place. Et j'ai eu la même réaction pour de nombreux autres livres dans le même genre (non mais allô ! on s'en balek de ta vie de merde d'orphelin Harry Porteur!). Heureusement, on rentre assez vite dans l'action (enfin du moins, si on voit ça comme une qualité). Car l'écriture est rapide et déjà en un sens cinématographique (dans le sens où on se figure la scène, mais aussi car il y a une tension et un suspens qui se développent nécessairement, alors que les concurrents sont censés disparaître les uns après les autres).
Je ne vous en dis pas plus sur ce qui se passe dans l'arène, si ce n'est que la scène avec la petite Rue est particulièrement poignante – comme au cinéma, mais sans y être. (Paix à ton âme petite Rue!)



La romance



Peut-on faire une bonne série pour ados sans une bonne romance ? Assurément, non. Nous avons tous en tête Twilight – qu'on l'ait vu/lu ou non – son brun ténébreux pâle comme la mort (c'est le cas de le dire) et le petit trapu qui hurle à la lune (si c'est pas ça, me jetez pas la pierre, j'ai vite arrêté la série). Sauf que Suzanne Collins, elle est plus fine que ça : son héroïne n'est ni une potiche, ni un coeur d'artichaud. Et en quelque sorte, on en restera au stade de la semi-romance tout au long du roman. Ou pour le dire autrement : à la frontière entre l'amour et l'amitié.
Précisons d'emblée que nous avons deux personnages masculins qui tournent autour de notre donzelle (et vous comprendrez peut-être mon parallèle avec Twilight). Le premier, Gale, est un garçon du District 12 et son ami, qui a l'habitude de l'accompagner à la chasse. Peu avant les jeux, il lui propose de quitter le District pour qu'ils aillent vivre ensembles dans la forêt. Le second, Peeta, fils de boulanger, est certes un médiocre chasseur, mais il est surtout son partenaire de District, à combattre dans l'arène avec elle. Et à plusieurs reprises, avant que les rôles ne s'inversent, il l'aidera à s'en sortir.
Il faut ajouter une chose, c'est que Peeta a déclaré juste avant les Jeux qu'il était amoureux d'elle. Auprès d'elle, il a prétendu qu'il s'agissait d'une « stratégie », préparée avec son entraîneur, dans le but de leur faire obtenir des sponsors. Mais une fois de plus ici, l'auteur joue avec la vérité, car ce qui est vrai est faux et ce qui est faux est vrai. L'amour du jeune homme, n'est pas qu'un prétexte – ça crève les yeux ! - et il n'y a bien que l'héroïne pour ne pas en être sûre.
A la fin du roman, on a alors affaire à une héroïne perdue, entre le rôle qu'elle doit jouer pour le Capitole et les sentiments qui sont vraiment les siens ; vis-à-vis d'elle, de sa famille, de Gale, de Peeta. Frondeuse au départ et tout au long de la partie, elle finit bouleversée dès lors que le chapitre des Jeux se clos.



Conclusion



Hunger Games est un petit livre qui ne paie pas de mine. Il est cependant agréable à lire, et vite digéré. Fan de High Fantasy, passez votre chemin, l'univers «Hunger Games» n'en est qu'à ses prémices. Et à la limite, le livre I ressemble plus à une introduction qu'à un livre à part entière.
J'ignore pour l'instant si les suites sont à la hauteur du premier ouvrage (car il va sans dire qu'elle ne pourra pas se baser sur les Jeux, dans les prochains, pour donner du souffle à son livre), mais je vous conseille vivement le premier tome, au moins pour l'essayer. Adolescent ou non, je pense qu'il n'est pas difficile de l'apprécier. En espérant que vous réussirez à vous glisser dans la peau de son héroïne, à la fois sensible et revêche.

Raineyd
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le 14 juin 2020

Critique lue 80 fois

Raineyd

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