Ito Naga est un auteur qui m'avait particulièrement conquis avec son livre NGC 224, alors quand j'ai découvert, caché dans le rayon poésie de la médiathèque de Clermont, son second livre Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, je me suis empressé de l’emprunter. D'autant plus qu'ici aussi, le titre est intriguant. "L'apparence et la substance", voilà comment l'auteur nous explique ce titre dans les premières pages, pas vraiment plus clair... Un sentiment qui restera tout au long de la lecture.


Plus on avance dans le livre, plus on commence à discerner une sorte de sociologie poétique des coutumes nippones, mais le propos reste relativement obscur, d'autant plus que l'aspect non-organisé qui fait l'une des singularité des différents livres d'Ito Naga est ici assez mal traité, ou simplement mal adapté au sujet, cela donne une lenteur et un caractère relativement brouillon à cette oeuvre. On a du mal à percevoir exactement ce que veux nous transmettre cet astrophysicien passionné du Japon.


Le Japon, c'est donc ici l'espace (géographique, mais également spirituel) de ce livre. Des petits détails sur ce qui se dit / se fait au Japon s'articule assez aléatoirement, en suivant ce qui semble être l'histoire quotidienne d'une femme (apparemment joint à une relation amoureuse, mais là aussi, c'est flou !). On apprend donc de nombreuses choses relativement intéressantes sur la pensée japonaise.


"Se promener dans un parc" se dit "se promener un parc (koen o sanpo shimasu)". "Parc" est complément d'objet direct et non complément de lieu car il a une extension limitée. On peut donc le saisir entièrement en pensée.


Certes, il est toujours plaisant de découvrir les mœurs d'autres peuples, particulièrement avec la poésie, mais ce n'est pas traité ici de façon très clair, en effet cette idée de mêler une histoire assez banal avec une exposition des pratiques est un bon concept, mais l'impression qu'il en ressort est un d'avantage un vague qui rend la compréhension assez complexe.


On pourrai croire que je fais ici une critique rigide de ce livre, ce n'est pas le cas. Outre ses aspects, le livre reste bon, l'écriture, les mots, les expressions y sont rigoureusement justes et bien choisi, comme ce qu'on retrouve dans ces autres livres, c'est d'ailleurs l'un des point les plus remarquables de son oeuvre. On retrouve ici un humour touchant et précis, l'intimité d'hommes et de femmes de l'autre bout du monde.
La quatrième de couverture exprime bien ce que l'on ressent pendant la lecture : la rencontre émouvante, la découverte de l'autre, l'inconnu qui nous touche. C'est un livre apaisant, tout comme l'images que nous donne ito Naga des japonais.


Elle ne mange pas à un rythme régulier. Tantôt vite, tantôt lentement comme un enfant soudain distrait.


Ou comme un oiseau grimpant par à-coups le long d'un arbre. Pi-pi-pi-pi-pi.


De plus, l'auteur mêle ici ce qu'il rapporte de l'esprit japonais à certaines référence occidentales, qui, elles sont agencés de manières très juste, cela témoigne d'un grand travail du poète, puisque les citations sont en accord parfait avec la narration. comme par exemple une citation de Verlaine au milieu de livre :


Les brins d'herbes aussi ont une ombre, non ?


Ce petit mur de pierres sèches effondré, lui, évoque son corps déformé.


Quelque chose dans sa manière d'être songeur ou absent, et je sais qu'il pense à cette "femme inconnue qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre".


Au final, la lecture est assez mitigé, c'est un bon livre, ni plus ni moins, mais il reste assez décevant quand on connait ce que peux produire Ito Naga, qui est aujourd'hui un nom important de la collection Grands Fonds de Cheyne éditeur. Le texte est bien écrit mais se perd un peu dans son développement.


Par les yeux, on tient la pensée de l'autre.


Que faire des yeux quand l'autre parles ?

Maël_Azr
7
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le 1 juin 2015

Critique lue 189 fois

Maël Azr

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