J’ai entamé ce roman sans savoir ni quel était son sujet ni quel était son style, j’étais donc des les conditions idéales pour que fonctionne l’ambiance de « Je suis ton ombre ».


Si l’on commence le roman dans les pas d’un enfant du pays basque, on sent poindre assez rapidement l’inclinaison malsaine du roman sans en discerner précisément les contours. Ce gamin qui souffre d’une mauvaise réputation à l’école fait office de souffre douleur pour le caïd de la cour de récréation, il va trouver une aide en cette présence difficilement perceptible qui rôde. Un chat qui parle, une légende autour d’une ferme calcinée suspectée d’avoir abriter des voisins étranges, des rêves où intervient son frère décédé. Autant d’éléments significatifs d’une entité qui influence ce gosse à se sentir plus fort à toucher du doigt une reconnaissance à laquelle il aspire.


Le roman se détache de ce récit contemporain pour trainer du côté du bayou de Louisiane, au temps de l'esclavage. Où les aspects fantastiques sont bien plus réels dans la vie des jeunes jumeaux orphelins que l’on suit. D’un point de vue de la chronologie, il est très intéressant de voir à quel point la construction linéaire cache parfaitement les différentes pièces du puzzle pour s'assembler à la toute fin pour la conclusion.


Si je devais faire un reproche c’est le style du récit qui hésite et oscille entre roman réaliste et d'horreur aux accents de série B. Beaucoup de moments ouvertement gores semblent l’être dans le but de coller à un genre et n’apportent finalement que peu au récit. Dommage car la cohabitation des univers est très réussie entre un bayou macabre et vaudou et un sud-ouest contemporain aux allures anodines.


Plusieurs moments sont très dérangeants et provoquent un vrai malaise. Ils donnent un ton résolument adulte au roman et ce qui détonne avec la fin et son côté récit de monstre, toujours ce même souci de ne pas choisir entre deux styles ce qui fait perdre son unité au récit.


Une belle trouvaille de littérature d'horreur qui peine tout de même à se libérer de son carcan: 7/10

Nanash
7
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le 9 nov. 2015

Critique lue 367 fois

Nanash

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