Juges
7.3
Juges

livre ()

Cet épisode 2 de la saison 2 de l'Ancien Testament est une bonne petite surprise. Déjà, il se rapproche structurellement des premiers livres, de la Genèse, mais surtout de l'Exode (mais sans les règles chiantes à la fin). Comme son titre l'indique, ce livre met en avant les Juges… enfin, des juges qui assurent à la fois la fonction de juge, mais aussi celle de chef militaire (comme quoi, les problèmes liés au cumul des mandats ne datent pas d'aujourd'hui). Bref, avec deux fonctions aussi importantes accordées à une seule et même personne, on pourrait s'attendre à ce que ça parte vite en couille et qu'on se retrouve à lire les « exploits » de despotes, cruels et sans remord… et c'est un peu le cas !


L'histoire débute sur le reste de la conquête du territoire cananéen par Israël. Du classique quoi : Israël massacre tout le monde, mais en face, on a pire. Sauf qu'en fait pas tant que ça puisque les israélites finissent par adopter les mêmes pratiques culturelles que les cananéens (à les servir, à apprécier leurs idoles, à sacrifier 2-3 gosses de temps en temps…), notamment parce que contrairement aux précédents livres, ils ne les génocident pas automatiquement (ce qui est plutôt une belle avancée si vous voulez mon avis). Preuve qu'au fond, les Cananéens et les Israélites ne sont pas tant différents que ça et qu'ils vont pouvoir vivre ensemble dans la paix ? La bonne blague ! Forcément, le Seigneur, en colère tout rouge puisqu'on ne fait pas ce qu'il a demandé (ordonné), décide de rendre fort les Cananéens, obligeant Israël à se repentir, ce qui fait que le Seigneur leur donne un nouveau « héros » afin de les libérer, ce qui apporte la paix en Israël… ce qui fait que les Israélites recommencent à pécher de nouveau (le livre ne précise pas quel(s) type(s) de poisson(s) par contre). On dirait un peu ce mème.


Et voilà, c'est à peu près tout ce qui se passe dans le livre, mais avec quelques variantes à chaque fois… m'enfin, ce n'est pas comme si on était habitué aux répétitions avec la Bible.

On a cependant droit à quelques variantes plus ou moins insolites en fonction du personnage que l'on suit. Par exemple, Abimélek, le fils de Gédéon (qui choisit ses soldats en fonction de la manière dont ils lapent l'eau), décide, premièrement, de tuer ses 70 frères, parce que pourquoi pas (sans déconner, il n'y a aucune explication), mais surtout, lors de ses derniers instants, après qu'une femme lui a fracassé le crâne après lui avoir lancé une meule de moulin dans la gueule, il a tellement la haine qu'une femme puisse mettre fin à ses jours qu'il demande à son serviteur de le tuer immédiatement. Plus tard, c'est au tour de Jephté, dans l'optique de massacrer tous les Ephraïmites, de nous faire part de ses stratégies avisées, puisqu'il a la bonne idée d'éliminer tous ceux qui prononceraient mal « Shibboleth » (je suppose que ça se prononce « Ciboulette »). Une manière bien pratique pour se séparer des étrangers avec un accent différent du sien… mais aussi des bègues, de ceux qui zozotent, des muets.

Forcément, Samson est le personnage que l'on retiendra le plus dans ce bouquin. Bon par contre, son parcours est un peu différent de ce à quoi je m'attendais. Outre le fait qu'il naisse alors que sa mère est stérile (Jésus-Christ surcoté !), il a des délires chelou genre vouloir se marier avec la première femme qu'il voit, manger du miel provenant d'un essaim d'abeilles dans le corps d'un lien en voie de décomposition (WTF ?!), de tuer des Philistins car ils ont trichés pour répondre à une énigme qu'il a lui-même posé (moi non plus je n'aime pas les tricheurs, mais y a abus là je pense). Par contre, niveau baston, il est complétement cheaté, du genre à tuer 1.000 personnes à la suite avec une simple mâchoire d'âne : la longueur de sa chevelure étant la cause de sa force (une logique que l'on retrouvera plus tard chez les Grecs).

Petit point culture de cette critique : cela vient du fait que c'est un nazir (n'oubliez surtout pas le r). Ces derniers, afin de prouver qu'ils étaient consacrés au Seigneur, ne se coupaient ni les cheveux ni la barbe et ne buvaient pas de vin.

Pour en revenir à Samson, l'histoire d'amour entre lui et Dalila et pour le moins tumultueux. Cette dernière, à la solde des Philistins, lui demande sans cesse d'où il tire sa force (perso, à sa place, on me pose ce genre de questions, je commence à avoir de sérieux doutes sur ma concubine). Forcément, après lui avoir balancé quelques conneries, lui avoir révélé de faux points faibles, Samson finit par révéler à sa femme que son véritable point faible provient de sa chevelure… les Philistins finissent alors par le saisir et lui crever les yeux (si ç'avait été les oreilles, on peut dire qu'il se serait retrouvé… sans son, lol). Trop bon, trop con, Samson finit tout de même par massacrer les Philistins lors d'un ultime sacrifice alors que ses cheveux commencent à repousser.


Le livre se termine sur deux histoires annexes (deux chapitres bonus), dont l'une très amusante (j'ai une définition très à moi de l'amusement) durant laquelle un vieillard offre sa fille et la concubine d'un voyageur de passage chez lui, contre la vie de ce même voyageur. Qu'arrive-t-il à sa fille ? On ne le sait pas. Par contre, la femme du voyageur, se fait violer jusqu'à sa mort, et son mari ne trouve pas une meilleure idée que de la découper en douze morceaux et d'en envoyer un à chaque tribu d'Israël afin de partir en guerre contre les Benjaminites responsable ce crime.


Franchement, face un premier épisode, Josué, beaucoup trop classique et donc beaucoup trop décevant, cet épisode des Juges n'est pas inintéressant. Certes, on retrouve de nombreuses répétitions, la phrase « Les Israélites firent encore ce qui déplaisait au Seigneur » finit même par devenir un running gag tant elle apparaît un nombreux incalculable de fois (il faut dire aussi que j'ai toujours été mauvais en math). Par contre, ce livre apporte quelques nuances qu'on n'avait pas vues jusqu'à présent, notamment entre les tribus d'Israël (celle de Benjamin justement) et à travers les différents juges présentés. Ça change du « Les israélites ce sont les meilleurs, les autres de la merde, il faut donc tous les exterminer ». Après, c'est aussi dans un but de nous teaser la suite, puisqu'on nous indique clairement, lors des dernières lignes du bouquin, que sans roi, Israël retombera forcément dans l'anomie. Aussi, les personnages féminins ont un rôle sensiblement plus important qu'auparavant (Débora, Dalila…), le livre serait réédité aujourd'hui aux éditions Folio SF qu'on les accuserait d'être woke… par contre, le revers de la médaille, c'est qu'on se tape une chiée de nom à retenir ! Franchement, il y a des personnages qui sont présents dans le bouquin juste pour nous préciser qu'ils existent. Je ne suis pas contre le teasing et le cross-média (même si je trouve la reprise de Dagon, environ 3.000 ans plus tard, par HP Lovecraft audacieuse), mais je pense que ç'aurait pu être mieux géré à ce niveau-là, on se croirait dans Gears of War 3 par moment. Genre à un moment, on apprend que Shamgar, fils d'Anath, a tué 600 Philistins avec un aiguillon à bœufs… pourquoi ? Qu'a-t-il fait ensuite ? On ne le saura probablement jamais !

Une lecture agréable tout de même, très violente certes, mais surtout cathartique.

MacCAM
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le 28 mai 2023

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