Juste la fin du monde, c’est Louis, 34 ans, qui revient dans sa famille après douze ans d’absence pour annoncer sa mort prochaine. Il s’agit d’un court huis clos écrit comme un poème. Ce choix de l’auteur est significatif. Au départ, cela m’a gênée, j’ai pensé : « pourquoi ces incessants retours à la ligne, ces répétitions, cela empêche de fluidifier la lecture… » Mais c’est justement là tout l’intérêt. Le texte refuse la fluidité de l’écriture. Il ne comporte quasiment pas de didascalies et se rapproche de l’oral, ce qui rend le récit vivant. Refuser la fluidité, c’est aussi refuser la beauté de l’écrit, son ordre parfait où chaque chose est pensée pour être à sa place, c’est presque une révolte contre son mensonge et sa fausseté. Ici, les personnages se répètent, font des fautes de grammaire, se reprennent. De cette manière, le récit s’ancre dans le vrai et en devient terriblement touchant, car proche de nous. L’auteur ne veut pas que ce soit beau par la forme, mais par le fond. L’émotion est toute nue et elle nous heurte de plein fouet.


Mon avis, en 5 questions :


Est-ce que ce que j’ai trouvé le livre bien écrit ?
Oui ! Comme je l’ai dit plus haut, j’ai adoré le choix d’écriture de Jean-Luc Lagarce, très proche du langage parlé. Le style est simple mais poignant. De plus, la pièce se lit très facilement. Elle fait 78 pages, que j’ai lues en deux jours pour prolonger un peu le plaisir, mais on peut aisément commencer et finir en une après-midi.


Est-ce que le récit est original ?
Oui ! Je trouve le sujet vraiment original, je n’ai jamais rien lu de semblable. Annoncer sa mort à sa famille, mais surtout repartir sans avoir rien pu dire, c’est pour moi à la fois tragique et comique (mais les deux ne se mêlent-ils pas souvent ?). Pour moi, c’est révélateur de la difficulté à communiquer au sein d’une famille, surtout après une longue absence (est-ce que l’éloignement affecte les liens familiaux comme il étiole les liens amicaux ?), la difficulté à se dire les choses importantes comme le fait d’être atteint du sida ou tout simplement l’amour que l’on se porte.


Est-ce que j’ai ressenti des émotions fortes et/ou appris quelque chose ?
Oui ! J’ai eu divers questionnements sur la famille, sur le mal-être, sur la mort, et j’ai ressenti de la peine évidemment, de la pitié pour cette famille engluée dans ses querelles, sans possibilité de se dire ce qui compte vraiment…


Est-ce que les personnages étaient attachants, authentiques, crédibles ?
Oui ! Autant dans le film j’ai trouvé que les personnages étaient assez stéréotypés, autant dans le livre je n’ai pas du tout eu ce ressenti, je les ai trouvés profonds, avec leur part de mystère et leur personnalité propre.


Ai-je envie d’approfondir le sujet, de lire d’autres livres de l’auteur ?
Oui ! J’ai déjà approfondi le sujet en visionnant le film de Xavier Dolan qui était pour moi merveilleux, et je suis curieuse de découvrir d’autres ouvrages de Jean-Luc Lagarce.


Question bonus : Est-ce que j’y ai trouvé de la poésie ?
Oui ! Pour moi le texte est hautement poétique, non seulement par sa forme, par le choix de l’écriture, mais également pour les dialogues et leur thème. Pour moi cette pièce est emplie de poésie et de beauté.

ensauvagement
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le 15 juin 2017

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