Immense bouquin.
Bon voilà une lecture que je reculais, parce que je savais que ce serait une grande claque dans la gueule, une de celles qu'on n'aime pas recevoir, mais qui est salvatrice.
Je savais que c'était un essai, en fait, c'est un recueil de plusieurs essais, voire témoignage pour certains.
A lire, quand on est un mec, et plus exactement un male blanc dominant, c'est un peu comme si on te plongeais le nez dans le caca dans lequel tu baignes depuis ta naissance en te débouchant le nez et en te montrant à quel point ça pue.
L'image est crasseuse, mais on ressent assez ça au passage.
Mais les hommes, s'en sortent presque bien, l'autrice ayant la bonté d'âme de rappeler que eux aussi souffrent du carcan modèle dans lequel on nous a tous élevés. Du reste, elle le dit, elle ne hait pas les hommes, elle hait qu'on lui interdise de faire ou de ne pas faire des choses, et cette colère est sa force et sa source d'énergie.
Elle témoigne de son passé de prostituée et des malaises et jugements que notre société porte sur ce métier et sur l'émancipation que certaines prostituées ressentent en devenant maitresse d'un corps que leur société leur somme de soumettre aux caprice du mari.
Virginie Despentes, parle aussi de viol. Du sien, mais aussi de celui de ses soeurs, de ce que ça salit et de la force que cela demande d'accepter d'avouer qu'on a été violé et de se reconstruire après ça.
Ce recueil de 7 textes se lit avec une rage sourde au ventre. Et une immense admiration aussi. Pour l'intelligence du propos, pour sa mesure, en dépit des circonstances, et enfin pour sa qualité littéraire.
Car Virginie Despentes est une immense autrice et elle écrit avec une plume acéré d'acide dont elle grave des vérités limpides avec une langue qu'on aimerait posséder.
Une grande dame, un grand homme, une belle personne.