L’amour, roman déplie les l’histoires amoureuses de la famille de Camille Laurens jusqu’à la sienne : de quoi héritons nous dans nos manières d’aimer ? Nos amours se nourrissent des récits des autres : récits de famille, récits littéraires, etc. Le roman n’égale pas Celle que vous croyez ; il me semble qu’il manque une langue propre à chaque récit, une polyphonie qui aurait donné le sentiment qu’il y a bien des mondes affectifs qui ont leurs discours, leurs mots, leurs images puisque, comme l’écrit l’auteure, l’amour est un discours.
« On peut parler des filles et de leur Prince Charmant, mais que dire du rêve que poursuivent les hommes avec au moins autant d’obstination : l’Autre femme, la femme d’à côté, l’autre côté de la mer ? Si les femmes attendent un bruit de pas qui n’arrive jamais, les hommes fuient vers un pays où ils n’arrivent jamais - ou bien, à peine au port ils n’ont de cesse de repartir, Circé les pousse vers Pénélope, et près de Pénélope ils rêvent au chant des Sirènes. Ils auront beau se moquer, quelle différence ? Ils ne lisent pas les mêmes livres, c’est tout. Contes de fée ou récits d’aventures, bague cachée dans un gâteau, navire affrété pour ailleurs, passion, action, port ou voyage, fusain de quenouille ou jungle hostile, peau d’âne ou toison d’or, miroir magique ou larmes du Pacifique, bel amant ou Moby Dick, le texte change mais l’histoire est la même, comme le geste de lire, peur et plaisir mêlés, ce qui doit être lu - c’est une légende, l’amour - raconte-moi, lis-moi encore, mon cœur n’est pas las de l’entendre. »