bell hooks propose une réflexion féministe sur la masculinité : le patriarcat n’est pas seulement l’affaire des femmes, il concerne les hommes puisqu’il les invite à exercer une violence sur eux-mêmes qui rejaillira sur leur entourage. L’ouvrage est peu fouillé, mais il ouvre des pistes de réflexion : l’impossible conciliation de l’amour et de la domination, la violence et la colère comme manière d’éduquer les jeunes garçons, le rôle des femmes dans la perpétuation et la conservation du système patriarcal, etc. Il sensibilise les femmes aux violences que connaissent les hommes, et permet certainement à ces derniers de nommer ce qu’ils ont reçu sans parfois l’interroger. L’amitié et l’amour au delà du genre, entre des individus égaux et complets, est alors un horizon possible.

« Pour offrir aux hommes de nouvelles manières d’être, il nous faut d’abord remplacer le modèle du dominateur par le modèle du partenariat, qui considère le lien entre les êtres et l’interdépendance comme la relation organique qui lie tous les êtres vivants. Dans le modèle du partenariat, le fait de s’appartenir à soi-même est toujours mis au cœur de la vie de chacun.e, qu’on soit homme ou femme. (…) La masculinité féministe postule qu’il suffit aux hommes d’exister pour avoir de la valeur, qu’ils ne sont pas obligés d’ « agir », de « performer » pour s’affirmer et être aimés. (…) Actuellement, les définitions sexistes du rôle des hommes se fondent sur l’idée que la masculinité est en rapport avec le fait de gagner, l’esprit de compétition et de domination : « tant que nous ne seront pas prêt.es à remettre en question bon nombre de caractéristiques attribuées au rôle sexué des hommes (…) - éviter la féminité, restreindre ses émotions, chercher à réussir et à acquérir un statut social, être autonome, être agressif, être homophobe, et ne pas chercher à nouer de relations en rapport avec son activité sexuelle - nous refuserons de reconnaître aux hommes leur pleine humanité. La masculinité féministe aurait pour principales composantes l’intégrité, l’amour de soi, la conscience affective et l’affirmation de soi ainsi que des compétences relationnelles telles que l’empathie, l’autonomie et la capacité à tisser des liens ». Au cœur de la masculinité féministe se trouve un engagement en faveur de la réciprocité et de l’égalité des genres, qui sont toutes deux cruciales pour le lien entre les êtres et pour tout partenariat en vue de créer et de maintenir la vie. Un tel engagement suppose de préférer toujours l’action non-violente à la violence, la paix à la guerre, la vie à la mort. »

camzrbt
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le 27 sept. 2022

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