Les homards sont crus, à ne pas mettre entre toutes les mains.

De la frustration du bébé à qui sa mère fait ingurgiter un yaourt avec des procédés mensongers, à celle du cadre qui subit le discours indigent d'une communicante, «L'apocalypse des homards», c'est une plongée dans la médiocrité insultante de notre société, «la zone grise honteuse où tout le monde s'agite de manière indifférenciée», et le défouloir contre cette absurdité, à travers une violence essentiellement fantasmée.

Avec des récits de quelques lignes ou quelques pages, dans des situations quotidiennes très simples, les personnages sont là, devant nous, avec leurs peurs larvées, leurs angoisses et leurs désirs.

Sauvagerie explosive, transgressions, vendetta et exutoire du sexe – Jean-Marc Agrati expose nos perversions et nos tréfonds dans un univers violent, bizarre souvent onirique, très visuel, avec un humour et un imaginaire salvateurs.

C'est tout simplement énorme.

« Non. Je pars en Afrique ...
- Tu vas aller aux putes.
Elle a du nez ma mère ...
Oui... Je vais profiter du différentiel économique pour me goinfrer de putes. L'obscénité au carré en quelque sorte. Sachant qu'un carré est toujours positif, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais.
Du coup, ça discute sévère dans mon assiette. Les gars de la conscience se mettent dessus, ils ne sont pas d'accord. Ils invitent plein de putes, des noires, des thaïlandaises, des nanas du Monténégro, de Tijuana, et même des travelos du boulevard Ney. Mon assiette devient un grand forum mondial sur la prostitution. Quand je pique un morceau, la foule de la conscience se déloge. Il y en a qui grimpent sur ma fourchette et d'autres aux poils de ma barbe. Je suis un géant dans le genre de ceux de Rabelais» (SURTOUT NE TE PRESSE PAS)

«C'est vrai. Un mec, ça a une charge explosive. Ça peut supporter la pire des merdes, ça peut s'humilier, ramper, manger la merde à la petite cuillère, mais à un moment donné, faut que ça explose. Ce moment-là le lave et le rénove. Après, il peut repartir.» (SOIREE DESTRUCTION)
MarianneL
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le 14 mai 2012

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