Kabyles et harkis
Trois générations, trois personnages principaux : Ali, Hamid et Naïma. C'est à travers eux, et ceux, nombreux, qui les côtoient, que Alice Zeniter raconte dans L'art de perdre l'histoire d'une...
le 23 août 2017
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Nominé pour le Prix Goncourt et le Prix Renaudot, lauréat du Prix du Journal Le Monde et du Prix des librairies de Nancy et des journalistes … N’en jetez plus ! L’art de perdre d’Alice Zeniter est le roman de cette rentrée littéraire, celui qui est dans tous les esprits. Un énième roman sur la Guerre d’Algérie au sein de cette rentrée des lettres, un énième roman sur la quête des racines et la recherche de son identité. LE livre de la rentrée littéraire ? Lettres it be vous donne son avis.
L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus depuis longtemps de l’Algérie de son enfance.
Comment faire resurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.
// « De la vie d'Ali, elle n'a connu qu'un silence dont elle n'a jamais pensé qu'il constituait un manque mais qui lui apparaît maintenant comme un trou à l'intérieur de son corps. » //
Après Sombre Dimanche (prix du Livre Inter en 2013) et Juste avant l’oubli (prix Renaudot des lycéens en 2015), Alice Zeniter fait son grand retour dans les librairies, cette fois avec L’art de perdre publié chez Flammarion. Jusqu’à présent, celle qui fut professeur de lettres en Hongrie nous avait habitués à des romans où le « moi » était assez présent, quoique plus ou moins discrètement tapi dans l’ombre. L’art de perdre n’échappe pas à cette introspection récurrente dans l’œuvre d’Alice Zeniter mais aussi, et de façon parfois regrettable, dans le roman français contemporain, comme nous le disions déjà dans la chronique pour le livre Les Peaux rouges d’Emmanuel Brault.
Le roman se découpe en trois parties distinctes, trois parties qui auraient tout à fait pu faire l’objet de trois tomes d’un même triptyque. L’auteure née à Alençon en 1986 ayant fait le choix de tout regrouper dans un seul et même ouvrage. La première partie ouvre la voie à un grand roman. Le rythme, une plume alerte quoique très sobre, un contexte bien posé sur les cimes de cette intouchable montagne kabyle, un premier chapitre coup de poing. Tout y est. Mais c’est malheureusement plus tard que le bât commence à blesser.
La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-u-%C3%A0-z/l-art-de-perdre-d-alice-zeniter/
Créée
le 23 sept. 2017
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