Première petite remarque avant de commencer, contrairement à ce qu'annonce Senscritique, "L'Autoroute sauvage" a été publié pour la première fois en 1976 et non en 1993. Ce détail mis à part, ce court roman (220 pages) post-apocalyptique est réellement excellent. L'auteur (qui est en fait une femme, Eliane Grimaître), y raconte à la première personne l'histoire de Gérald, un survivant solitaire évoluant dans une France ravagée quelques décennies plus tôt par une guerre mondiale durant laquelle les belligérants ont fait usage d'armes chimiques, bactériologiques et climatiques. On sait peu de choses de ce conflit qui est plutôt un prétexte nécessaire à la mise en place d'un décor de type wasteland, qui n'est pas sans rappeler la série vidéoludique des "Fallout", pour les amateurs du genre. Gérald n'a pas à proprement parler d'objectifs à atteindre dans le récit. On assiste simplement à quelques mois de sa vie, qu'il passe à lutter quotidiennement contre les groupés (des survivants qui préfèrent vivre en bande et raffolent de chair humaine), le manque de nourriture et les aléas du climat. Le roman se compose d'une succession de tableaux et de rencontres. Le narrateur se fait deux amis d'infortune durant son périple vers le sud, où il souhaite passer les mois d'hiver, la jeune Annie qui devient son amante et Thomas, un asiatique d'ordinaire solitaire comme Gérald, mais qui devient pour un temps son acolyte. Annie entraîne les deux hommes vers Paris où elle pense pouvoir trouver la recette d'un remède contre la peste bleue, un mal datant de la guerre et qui fait encore des ravages parmi les rescapés.

L'action est quasi permanente dans "L'Autoroute sauvage". Pas de temps morts, ni de passages contemplatifs. L'intérêt du livre réside surtout dans les descriptions des lieux et des personnages croisés, certains ayant cédé à l'ensauvagement tandis que d'autres se battent encore pour conserver quelques vestiges d'une civilisation perdue. Le style est très particulier, familier et gouailleur, Gérald faisant usage d'un argot qui semble aujourd'hui désuet, mais ne manque pas de saveur. Un très bon roman d'anticipation, écrit par une artiste française malheureusement méconnue.

Dans le même genre, parmi les ouvrages récents, je ne saurai trop conseiller les quatre romans suivants, venus de Russie : "Métro 2033" et "Métro 2034" de Dmitry Glukhovsky et "Vers la lumière" et "Vers les ténèbres" d'Andreï Dyakov, bénéficiant tous d'une traduction magistrale de Denis E. Savine.

PS : il existe deux suites à "L'Autoroute sauvage", "La mort en billes" et "L'île brûlée". Pas lues, mais j'ai eu ouï-dire qu'elles ne valaient pas spécialement le détour.
Nairolf
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Le 28 juin 2014

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