Livre d'Erich-Maria Remarque écrit en 1952. Remarque dédie le livre à la mémoire de sa sœur Elfrieda qui fut condamnée pour propos séditieux à l'encontre du régime nazi et décapitée en 1943. Remarque, aux USA à cette époque et hors d'atteinte, n'apprit cette condamnation que tardivement bien après la fin de la guerre. Portant une responsabilité au moins morale dans la mesure où sa sœur payait, en partie, son ombre, il s'en est toujours voulu et a écrit ce roman sur la terreur nazie. Il en a situé le cadre dans un camp de concentration (imaginaire) implanté près d'une petite ville allemande.
Remarque n'est pas un historien. Ses œuvres, principalement de fiction, en revanche, s'appuient toujours sur un contexte historique et sur sa propre expérience, que ce soit lors de la Grande Guerre ou lors de la période immédiatement après. Dès 1932, il rencontre des problèmes avec les nazis et s'exile échappant à toute poursuite. Tout ceci pour dire que dans le cas précis du roman "l'étincelle de vie", il n'a jamais connu l'internement en camp. Il faut donc imaginer son état d'esprit lorsqu'il écrit ce livre après avoir appris le sort de sa sœur et ce à quoi il a certainement réussi à échapper en s'exilant.
"Le squelette 509 souleva lentement son crâne et ouvrit les yeux".
Ainsi commence, par cette phrase-choc, le livre qui se déroule dans un camp de concentration où on ne se contente que d'affamer les prisonniers, les torturer, éventuellement les soumettre à des expériences médicales. Autrement dit, ce camp n'est pas un camp d'extermination car les prisonniers sont utilisés dans des usines connexes au camp. Mais les conditions épouvantables font que l'espérance de vie reste très faible nécessitant toute une activité autour d'un four crématoire pour se débarrasser des cadavres.
Le prisonnier 509 qu'on suivra dans le roman survit tant bien que mal depuis une dizaine d'années au sein d'un petit groupe de prisonniers. Quelques réminiscences lui rappellent qu'il fut un journaliste, ni communiste ni nazi (exactement ce que Remarque fut pendant quelques années dans les années 1920). Le livre est d'abord une réflexion autour de cette étincelle de vie qui subsiste même au fond du puits le plus sombre. Celle qui touche à la dignité de l'homme ou aux limites que l'homme acceptera de franchir pour s'accrocher à la vie.
Mais "l'étincelle de vie" n'est pas que ça. L'action démarre à quelques semaines de la victoire alliée, au printemps 1945. Aussi, lorsque la petite ville voisine est gravement bombardée et détruite, c'est tout un système de valeurs qui est remis en cause alimentant ou menaçant cette fameuse étincelle de vie.
Remarque observe ce microcosme humain, composé des bourreaux et des victimes, et en imagine les comportements dans ces diverses conditions limites. Et lorsque l'étincelle de vie se transforme carrément en espoir, bien peu le reconnaissent.
Non, répéta Berger. Il ne faut pas oublier mais il ne faut pas non plus en faire une sorte de culte. Sinon nous resterions toujours à l'ombre de ces maudits miradors.