A la lecture de la Horde du Contrevent de Damasio, j'ai souhaité me pencher un peu plus sur littérature fantastique française, par curiosité. C'est par ce chemin que j'en suis arrivé à lire ce premier tome des Kerns de l'Oubli. La mention de la Horde du Contrevent n'est pas tout à fait fortuite car, comme son prédécesseur, ce récit prend la forme d'un roman chorale où les différents protagonistes s'expriment et se racontent à la première personne, selon un style propre et dans un chapitre dédié. L'idée est plaisante mais l'exercice peut s'avérer plus ou moins périlleux mais j'y reviendrai.


L'histoire prend une base assez classique, une Cité-Etat resplendissante et millénaire, un ennemi à la solde d'une puissance maléfique, une grande guerre passée, un Roi légitime mais pas top, le vrai héros qui devrait être roi, un grand complot par un grand méchant sorcier, un Élu amnésique, de la magie élémentaire et des reliques en tout genres. Cette base est étoffée d'une multitude de détails, parfois trop, venant complexifier cette base déjà vue mais efficace. S'il y parfois certaines impressions de déjà-vu, au delà des simples tropes dû au genre, les éléments s'intègrent tout de même dans la fresque complexe de l'univers des Kerns de l'Oubli. La richesse de l'univers et que tout ne soit pas sur explicité est d'ailleurs l'un des points que j'ai apprécié.  
Le récit est assez dense et opaque, apparemment volontairement, j'ai ainsi eu du mal à cerner certains fonctionnement de l'univers voire de l'histoire. Cela est parfois efficace et intriguant, parfois simplement difficile à suivre. Le rythme très fractionné dû au mode de narration choisi renforçant parfois cette incompréhension. Grâce à cette transition, il faut donc parler de ces chapitres/personnage et de leur écriture. Afin de rendre le récit plus vivant et plus lisible, Feldrik Rivat a créer un style d'expression, une grammaire, presque une langue, à chacun des personnages. Je trouve que l'exercice est assez réussi, chaque personnage est identifiable à sa prose, au point que les titres de chapitres seraient presque dispensables. J'ai beaucoup apprécié le Telleran le romanesque, Cataxak le maniéré et Ulhnor le ruste. Leur style convient parfaitement à leur personnalité et permet une identification rapide des personnages. Malheureusement, je trouve que sur ce point, l'ouvrage souffre un peu de la comparaison avec la *Horde du Contrevent*, qui use un peu du même mode de narration mais avec peu-être un peu plus de subtilité et de réussite.

Dans ce premier tome, j'ai trouvé un fantasy assez mature, sophistiquée, parfois un peu trop avec des lourdeurs, mais qui n'a pas peur de proposer un récit et un style un peu plus complexe que ce qu'on peut trouver ailleurs. Il y a une impression d'épopée homérique ou arthurienne, assez aidé par les envolées de Telleran, que j'apprécie assez magré parfois le ton pompeux. Certains personnages m'ont beaucoup plût, je pense à Cataxak et Telleran, quand d'autres sont très lisses, tels que Roch ou Erkan. Dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié cette lecture et je pense que je la relirais après avoir terminé la trilogie afin de mieux saisir les nombreux éléments de contextes et d'intrigues disséminés un peu partout. Malgré mon plaisir, il m'aura fallu un peu de temps et de volonté pour finir ce tome. Je suis pourtant un lecteur assez chevronné, particulièrement dans ce style, mais certains lourdeurs rendent l'expérience parfois un peu longuette. Cela m'a un peu rappelé mon expérience avec la saga Dune. C'est donc un premier tome réussi, qui me pousse à lire la suite mais en m'accrochant un peu.

Sarcastique
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le 6 avr. 2020

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