Fiche technique

Auteur :

Martin Breaugh
Genre : EssaiDate de publication (pays d'origine) : 2007Langue d'origine : Français

Éditeur :

Payot

Résumé : Pourquoi pas la plèbe ? interroge le philosophe. L'expérience plébéienne constitue donc le passage d'un statut infra-politique - les plébéiens sont les " muets du mutisme civil " - à celui de sujet politique ; dans un double mouvement qui va du refus de la domination au désir d'expérimenter un nouvel être-ensemble, sous le signe de la liberté. Un événement fondateur, la première sécession plébéienne en 494 avant notre ère, le retrait sur l'Aventin, scène inaugurale qui ouvre à la plèbe l'accès à la parole publique et à l'inscription symbolique dans l'ordre de la cité. De cette configuration première naît une tradition insurgeante, souterraine, voire cachée. Trois caractères la distinguent, le communalisme, l'agoraphilie, une temporalité propre, la brèche. Peut-on affirmer un principe plébéien, c'est-à-dire un principe progressif et un principe d'émancipation ? M. Breaugh retrace une double genèse du plébéianisme, historique et philosophique. De Machiavel à Jacques Rancière en passant par Ballanche et De Leon, il existe une " pensée de la plèbe " qui se nourrit d'une réflexion renouvelée sur l'accès du grand nombre à l'action politique. M. Breaugh retient trois grandes résurgences du principe plébéien dans la modernité : les sans-culottes parisiens, les jacobins anglais, la Commune de Paris en 1871. La consistance de la politique plébéienne se renforce d'autant plus qu'elle se constitue contre la configuration politique dominante qui, à travers le gouvernement représentatif, les partis politiques, les bureaucraties s'avère être une conception " patricienne " de la politique. Grâce à L'Expérience plébéienne, c'est une autre intelligence de la démocratie qui nous est offerte : non pas un système de procédures et d'institutions délibératives visant le consensus, mais une expérience d'autre émancipation du grand nombre, à l'épreuve d'une conflictualité génératrice de liberté. L'insurrection n'est-elle pas partie intégrante de l'agir démocratique ? On comprend sans peine que la haine de cette démocratie, sauvage ou radicale, ait entraîné l'oubli du principe plébéien.