Ce roman signe mon grand retour à la lecture après une semaine passée sans quasiment lire une ligne. Première constatation, ça fait du bien. Pas d'arrêter de lire, hein, de reprendre. Oui parce qu'il faut le dire, personnellement, je ne lis pas pour m'instruire, pour paraître intelligente ou pour le plaisir de décimer les forêts. Je lis, égoïstement, parce que ça me fait du bien. Ça a des effets sur mon ennui, qui généralement disparaît. Ça a des effets sur mon humeur : je ris, je pleure, je chante, j'ai peur ... tout ça grâce à ce que je lis. Ça me permet de merveilleux voyages immobiles à l'intérieur de moi-même, ça me fait parfois réfléchir mais, le plus souvent, ça me fait ressentir.



J'utilise souvent dans mes billets des métaphores aquatiques parce qu'un roman qui me plaît me fait réellement cet effet. Je me plonge dedans, mes oreilles se bouchent au monde extérieur et, le temps de ma lecture, je suis isolée de tout. Je me promène avec les personnages, je ressens leurs émotions et je suis indisponible à tout ce qui n'est pas eux. Une journée sans lire m'est difficilement imaginable tant les romans fonctionnent comme une drogue. Et même si la journée a été longue et pénible, un ou deux chapitres avant de m'endormir me sont nécessaires.



Autant vous dire qu'une semaine avec le temps de concentration d'un poisson rouge, c'est dur pour moi. À la sortie de cette diète, je me suis jetée avec gourmandise sur l'Homme de compagnie et bien m'en a pris. C'était exactement ce qu'il me fallait pour reprendre goût à mes potes à pages. C'est un texte remarquable, par sa drôlerie bien sûr mais surtout par ce sentiment de temps qui passe qu'il provoque chez le lecteur, cette nostalgie d'une époque révolue à laquelle Louis, le héros, se réfère sans cesse. Et même si l'on ne peut que sourire à la lecture de ses mésaventures sexuelles, la mélancolie et l'inquiétude qui sous-tendent le récit me paraissent extrêmement proches des réflexions qui occupent beaucoup de cervelles de vingt-cinq ans. Cette tendance à considérer le temps passé comme le seul intéressant, les aînés comme non seulement la seule source d'information valable mais surtout les seuls amis possibles et l'évitement absolu d'une « culture de génération » pour ne se référer qu'aux seuls arts des des générations passées sont au milieu des préoccupations. Enfin, c'est ce qu'il me semble. Et ce roman perçoit merveilleusement bien cette ambiance. Je me suis régalée à sa lecture et vais certainement lire les autres romans de Jonathan Ames.
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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