Octave Parango revient sous la plume de Frédéric Beigbeder pour un troisième opus toujours aussi décapant. Après avoir exploré les milieux impitoyables de la publicité et de la mode, c’est le monde du divertissement et de l’humour que l’auteur passe à la moulinette.
Chroniqueur humoristique dans la première matinale de France, Octave débarque un matin sans avoir préparé le moindre texte. Autant dire que ça ne va pas du tout plaire et qu’Octave est aussitôt prié d’aller exercer ses talents ailleurs.
Octave, double-miroir de l’auteur (est-il besoin de le préciser) retrace alors pour le lecteur la nuit qui a précédé sa prise d’antenne et son sabordage en direct. Un long périple à la fois drôle et désabusé qui lui donne l’occasion d’une analyse au scalpel de cette course effrénée au rire et à l’humour où tout est bon pour faire un bon mot, sans tenir compte de la véracité ou des conséquences des propos tenus.
Frédéric Beigbeder dissèque cette immunité qui donne le droit à toute personne de se moquer d’une autre du moment que la vanne est suivie d’un « mais c’est pour rire ! ».
Ce livre est à la fois désenchanté et totalement jubilatoire. Frédéric Beigbeder règle ses comptes avec ceux qui furent ses collègues mais ne s’épargne pas non plus dans cette satire désopilante.
Sur fond de révolte des gilets jaunes, la déambulation nocturne d’Octave est aussi l’occasion de revenir sur sa vie mondaine et bourgeoise, en avouant ses peurs et ses lâchetés alors que le monde dans lequel il a vécu ses plus belles années est définitivement révolu. Si ce livre est cynique, il est aussi un rien nostalgique d’une époque plus libre, plus riche, plus folle, moins étriquée.