L'héritage du Seigneur des Anneaux

La fantasy est, il faut le reconnaître,un genre majeur de la seconde moitié du XXe siècle, grâce à un pionnier du genre (du moins de la High Fantasy) qui est la trilogie du Seigneur des Anneaux, écrite par le célèbre JRR Tolkien et publiée au cours des années 50. Les années 60 et 70 ont vu la popularisation du genre, avec notamment les jeux de rôle, ainsi qu'un contre-coup : beaucoup d'écrivains de l'époque s'inspiraient très fortement du Seigneur des Anneaux, alors que ce même genre offre beaucoup plus de possibilités.

Le début des années 90 voit un nouvel auteur se démarquer : le regretté Robert Jordan, créant son propre univers de fantasy dans une saga dont on m'a sans cesse parlé "La roue du temps". Par curiosité, et aussi parce que je devenais extrêmement fan du genre, je me suis lancé en Juin 2015. Et je ne le regrette pas.

L'univers décrit ici est archi complet. En plus de compter d'une carte soigneusement dessinée et d'une pléthore de personnages variés, le background est minutieusement travaillé. Ici, pas d'Elfes ou de Nains, il y a bien des nouvelles races, comme les Ogiers, mais ce sont les Humains qui prédominent. Parmi eux, il y a une multitude de groupuscules : les Fils de la Lumière, sorte d'Inquisiteurs, les Aes Sedai, un ordre de magiciennes, les Aiels, peuple de guerriers et de guerrières d'une société matriarcale, et plein d'autres. Si il y a des choses à reprocher dans sa manière d'écrire des intrigues, le background est le fruit d'efforts d'un passionné et je ne peux que saluer Robert Jordan pour cette raison.

Parlons à présent du livre en lui-même. Ce premier tome, on pourrait d'emblée le critiquer car il manque d'originalité, tant son intrigue, du moins dans les premières pages, ressemble fortement au Seigneur des Anneaux : des paysans obligés de quitter leur village natal car menacés par une armée des ténèbres, incarnés par trois "élus", Rand Al'Thor, Perrin Aybara et Matrim Cauthon, dit Mat, le premier étant notre protagoniste ainsi que par la meilleure amie de celui-ci, Egwene Al'Vere et par Nynaeve, Sage-Dame du village, sorte de guérisseuse, tous menés par une Aes Sedai puissante, Moiraine Sedai, protégée par un garde du corps du nom de Lan (fortement inspiré de Aragorn tiens), tous accompagnés par un trouvère du nom de Tom Merrilin.

La ressemblance avec le Seigneur des Anneaux se marque donc par la présence d'une "communauté", un groupe de personnages et ce n'est nullement une reproche, car d'une part, j'aime bien ce type d'histoires et d'autre part, c'est la high fantasy en général : des personnages variés, de nombreux enjeux et une évolution "séparée" des personnages. On peut également mentionner les ressemblances dans le récit en lui-même :

Heureusement, plus le livre avance et plus la scission se fait, de tel sorte qu'on peut éviter la comparaison, et je pense que la ressemblance avec Le seigneur des anneaux n'est là que pour mieux démarrer le récit et pour marquer l'héritage. Sinon, il faut avouer que c'est relativement lent et c'est toute la saga qui sera comme ça (à certains moment plus que d'autres) et...pour l'heure, je m'y suis fait. On explore un univers fabuleux, décrit avec une excellente écriture.

Donc, même si certains points font aussi défaut, comme le traitement des personnages (par exemple, je ne suis pas fan de Rand, le personnage principal), L'Oeil du monde est un très bon livre d'introduction pour une saga qui est elle aussi très bonne et donne envie de continuer. C'est un roman à l'immersion inégalable et j'ai pris un grand plaisir en le lisant.