Deuxième tome de l’histoire mondiale des musées par Krzysztof Pomian, de 1789 à 1850, peut-être plus intéressant encore que le premier : celui-ci racontait la naissance des collections particulières et des cabinets de curiosités, ainsi que les premiers grands échanges d’œuvres dans l’Europe des guerres de religion, jusqu’à l’apparition des premiers musées d’art en Italie. On rentre ici dans l’ère des grands musées : Pomian nous raconte longuement les histoires du Louvre, de la National Gallery, du Prado ou de l’Alte Pinakothek, et c’est passionnant !
A la période révolutionnaire, pendant laquelle les trésors des églises sont redistribués, succède la période napoléonienne qui voit l’ouverture du Louvre, dont les collections sont aussitôt alimentées par les pillages de Napoléon dans toute l’Europe, répondant à la certitude que la France, pays de la liberté, est la seule nation digne de présenter au public les chefs d’œuvre de l’humanité.
Aussitôt l’empereur déchu, les nations d’Europe réclament tout ce qui leur a été volé, et se mettent à construire des musées qui mettent en scène les écoles nationales, dans un effort de construction d’identités marquées d’un pays à l’autre, tout en rivalisant pour obtenir les plus belles collections d’antiquités - rapportant de Grèce ou d’Assyrie des cargaisons entières d’objets obtenus plus ou moins légalement dont le statut est encore aujourd’hui débattu (Pomian ne manque pas de faire un point sur les marbres du Parthénon, particulièrement emblématiques).
C’est aussi la période où commencent à se poser certaines questions d’histoire de l’art et de muséographie : faut-il privilégier les chefs d’œuvre ou montrer toutes les évolutions intermédiaires ? Les antiquités doivent-elles cohabiter avec la peinture ? Faut-il préférer un accrochage chronologique ou thématique ? Pour ou contre les accrochages saturant les cimaises, cadre contre cadre ? Pomian restitue les débats par d’amples citations de correspondances ou d’essais aux prises de position parfois sidérantes pour un lecteur d’aujourd’hui. Vivement le troisième tome !