Origines :


Philippe Barbeau est un instituteur spécialisé, rééducateur en psychomotricité, membre de la Charte des Auteurs et propose des interventions en milieu scolaire, mais aussi des ateliers d'écriture et interventions auprès d'adultes.


Depuis les années 1980, il a écrit des ouvrages pour les enfants et a commencé avec son premier livre nommé ‘’L’odeur de la mer’’. De nombreux prix viennent couronner ses écrits. Ses contes, romans fantastiques, réalistes ou policiers, sont des valeurs sûres de la littérature de jeunesse.


En 1996, il sort un nouveau livre nommé ‘’L’année Rase-bitume’’, l’histoire d’une institutrice, Elisabeth Souzy qui doit prendre la 5éme SEGPA, la classe la plus agitée du collège Henri-Joseph.


Et ce roman fera partie des lectures proposées dans le cadre des cours de français.


Critique :


SEGPA signifie Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté.


Dans l’éducation nationale de la République Française, les élèves de la SEGPA, de la 6ème à la 3ème, sont des collégiens qui ont des difficultés scolaires, mais qu’ils doivent se préparer à intégrer la vie professionnelle.


En fin de 3ème, ils passent un Certificat de Formation Générale pour se lancer vers un Certificat d’Aptitude Professionnelle.


Une fois le C.A.P. obtenu, ils peuvent faire d’autres diplômes de niveau 5 comme une Mention Complémentaire ou un Brevet d’Etudes Professionnelles (selon les domaines).


En cas de réussite, ils peuvent être candidat à des diplômes de niveau 4 comme un Brevet Technique des Métiers, un Brevet de Maîtrise, un Brevet Professionnel ou un Baccalauréat Professionnel.


Pour ceux qui veulent continuer leur étude, ils ont la possibilité de faire un diplôme de niveau 3 comme un Brevet de Maîtrise Supérieur, un Brevet de Technicien Supérieur ou un Diplôme Universitaire de Technologie.


Et enfin, si la motivation et le niveau sont encore présents, la porte s’ouvre à des Licences, Masters et Doctorats.


Vous avez compris, les élèves de SEGPA n’ont pas le même niveau scolaire que des élèves de classes générales, mais ils ont plus de chances d’intégrer la vie professionnelle et de faire des études en stage ou en apprentissage, à condition qu’ils aient une bonne conduite sur le travail, la discipline et la ponctualité.


Dans le roman de Philippe Barbeau, ce n’est pas le cas pour les élèves de la 5ème SEGPA et l’institutrice, Elisabeth Souzy aura du fil à retordre.


Si vous vous attendez à ce que le livre montre une rivalité violente entre la prof et ses élèves comme on peut le trouver dans des œuvres cinématographies comme ‘’Le plus beau métier du monde’’ de Gérard Lauzier, ‘’187 code meurtre’’ de Kevin Reynolds ou ‘’La journée de la jupe’’ de Jean-Paul Lilienfeld, laissez-moi vous dire que l’écrivain ne part pas dans cette direction.


Le roman est composé de 138 pages (mon édition de 2011), de 25 chapitres dont le ton cible la jeunesse, avec une grammaire accessible pour parler des problèmes de collégien, des préjugés, de l’amitié et aussi un peu de littérature.


Philippe Barbeau nous fait entrer dans une histoire assez comique, avec des personnages qui portent des surnoms pour définir leur fonction dans un premier temps, mais qui donne une profondeur ou une évolution, au fur et à mesure qu’on avance dans son roman et il a décidé que l’histoire comporte 2 personnages principaux.


- Le premier personnage est Elisabeth Souzy, l’institutrice dont ses élèves vont penser qu’elle est une armoire à glace, mais qu’elle est en faite un petit bout de femme et qui se fera nommée Rase-bitume, un nom qu’on donne pour les personnes de très petite taille.


Malgré sa taille, cette femme montre une motivation pour aider ses élèves à s’en sortir de leur problème, elle n’utilise pas des méthodes radicales pour imposer le respect et la discipline et elle aime le vélo.


En analysant sur son vrai prénom, on découvre qu’Elizabeth est un dérivé du prénom Elisheba. D'origine hébraïque, ce dernier se traduit par "Dieu est plénitude".


Un prénom qui caractérise sa personnalité, Elizabeth est douce et affectueuse. Très sentimentale, elle est également une grande séductrice malgré elle. Sans le vouloir, son côté ingénu et sensible séduit facilement. Déterminée, Elizabeth va toujours au bout de ce qu'elle entreprend. Dotée d'un esprit très ouvert, elle est généralement optimiste et ne se décourage pas facilement. Particulièrement empathique, Elizabeth laisse les gens s'ouvrir à elle, mais a du mal à extérioriser ses sentiments elle-même.


- Et le second personnage est Vincent Farrault, l’élève le plus timide de la classe et qui porte le surnom de Timide.


Malgré sa timidité, rien n’empêchera à cet élève à se lancer sur des projets, des défis et même d’avoir une relation amoureuse avec une élève de classe générale.


Son vrai prénom vient du latin "vincentius" qui signifie "celui qui vainc".


Et selon mes recherches sur la personnalité du prénom, sa volonté est inébranlable et ses principes moraux très rigoureux. Il est tolérant, voire indulgent. Fier de sa personne, assez orgueilleux, courageux et déterminé, c’est un passionné. Il s'intéresse à tout ce qui touche à la spiritualité. Ceci ne les empêche pas d'être pragmatiques. L'amour est pour lui un sentiment grave avec lequel on ne badine pas. C’est plutôt un solitaires, mais qui reste toujours ouvert et accueillant.


Tous les 15 élèves de la 5ème SEGPA ont un surnom, y comprit le directeur du bâtiment SEGPA et ils le portent pour cibler le comportement, les origines (races), les talents (cultures) ou l’apparence.


- Jacques Pignard (le directeur) = Pétard.

- Dorothée Baguet = Pas de panique.

- Myriam Basile = Ficelle.

- Hassem Benmansom = Péhèma.

- Armindo Hernandez = Montagne.

- Fatima Labed = Etincelle.

- André Marcin = Bricolo.

- Mahong Mbait Jongue = Mots-Mots.

- Aurélie Merlin = Magie.

- Fatna Moujahed = Douce.

- Kevin Peiscoto = Bacho.

- Bebie Rakotonarivo = Mada.

- Julie Ruet = Minette.

- Seyfettin Turgut = Cécomça.

- Po Va = Chine.


Avec tous ces surnoms, cette classe s’est nommée Palette, naturellement, aucun surnom n’est là pour offenser les élèves, mais pour les amusés gentiment, malgré une simplicité et Timide nous le fait savoir avec sa phrase :


Pour nous, c’est un peu comme des caricatures, mais au niveau des mots.

La mixité ne pose pas de problème pour les élèves et ils ont une fonction d’assimilation, ce qui créé une fraternité solide dans la classe.


Cela dit, l’avenir de ces élèves est en jeu, ils ne doivent plus continuer de faire leurs blagues de mauvais goût pour décourager les profs et leur bagarre avec les élèves de classe générale.


C’est là que Rase-bitume va intervenir, prit par une mauvaise blague, elle a utilisée une méthode à la fois surprenante et comique pour que ses élèves réparent la bêtise qu’ils ont commis et de gagner la confiance de leur institutrice.


Une fois cette étape franchie, la 5ème SEGPA va évoluer et se lancer dans des projets de ventes et de bricolages pour des biens et des services dans l’ensemble du collège.


Une chose très importante, car l’entrée en 4ème SEGPA, les élèves doivent passer un stage de deux semaines pour se préparer à entrer dans le monde du travail.


Ils apprennent déjà que travailler n’est pas une chose facile, ça demande de la motivation, de l’organisation et aussi un travail d’équipe et malgré des difficultés, les élèves persévèrent.


La persévérance a portée ses fruits, ils n’ont pas seulement œuvré sur des travaux manuels, ils ont appris la connaissance du travail et des termes qui ne connaissaient pas comme un prêt ou une subvention et tout ça, a conduit vers une bonne réputation, tellement bonne qu’il y a eu une inauguration.


En tant qu’institutrice, Rase-bitume ne s’est pas contentée d’aider ses élèves à les remettre dans le droit chemin, elle a apportée un plus pour leur avenir et aussi de les intéresser à la littérature.


Ils vont étudier un livre et faire la connaissance d’un écrivain, dont ses paroles marqueront l’esprit de Timide et probablement du lecteur :


J’explore le monde des histoires comme d’autres explorent la Terre, pour y découvrir les beautés cachées. J’essaye d’emprunter de nouveaux chemins. Dans ce monde-là, il y en aura toujours de nouveaux à tracer et c’est enthousiasmant…

Ces magnifiques paroles sont la raison de notre amour de la littérature, de notre envie de continuer de s’aventurer dans ces histoires passionnantes et de nous enrichir l’esprit.


Pour conclure cette critique, je terminerai sur un élément qui passionne Rase-bitume, le vélo.


Selon les époques sociales, il a des fonctions différentes comme machine de loisir, moyen de transport ou encore, instrument de sport.


Mais dans le roman de Philippe Barbeau, il est la clé qui va conduire les élèves dans la bonne direction, qui va donner un peu plus des informations sur Rase-bitume et surtout, qui va créer une amitié entre l’institutrice et ses élèves.


Et le chemin à vélo pour Rase-bitume n’a pas été une facilité, il y a eu des obstacles embêtants, mais rien n’a stoppé la motivation et la persévérance de l’institutrice pour arriver à son parcours et d’aider sa classe.


Verdict :


Ma période de collégien a été une expérience inoubliable, il y a eu des hauts et il y a eu aussi des bas, mais globalement, c’était positif et c’est à cette époque que j’ai commencé à prendre du plaisir à lire.


Certes, ce n’était pas des romans que je lisais, mais des bandes-dessinés, parce que les romans ne me donnaient pas encore la sensation d’y entrer et d’imager les scènes que les écrivains détaillaient.


En revanche, il y a eu des romans que j’ai dû lire pour mes examens de français et à cette époque, il y avait eu trois.


De mémoire, le premier était ‘’Vendredi ou la vie sauvage’’ de Michel Tournier, le second était ‘’Je suis méchant’’ de Jean-Claude Baudroux et le dernier, ‘’L’année Rase-bitume’’ de Philippe Bardeau.


Pourquoi cette critique sur ce troisième roman et pas sur un des deux autres ?


A cette époque, les deux premiers livres m’avaient apporté quelque chose sur leur thème, celui de Michel Tournier était d’apprendre à faire face à la nature et s’y adapter et celui de Jean-Claude Baudroux était d’apprendre à s’ouvrir et d’être aimable avec autrui.


Et concernant le livre de Philippe Bardeau, malgré des passages qui m’ont marqué, il était le seul qui ne m’a pas tant passionné, parce qu’il ne m’avait pas apporté grand-chose et je n’avais pas bien vu ses qualités, donc c’était un roman assez oubliable.


C’était en 2004 que je l’ai lu pour la première fois et il a fallu attendre dix-huit ans pour que je le relise de nouveau et franchement, après relecture, le coup de cœur est arrivé.


Ce livre possède le thème de l’adolescence, sur des collégiens qui évoluent, qui apprennent le monde du travail et que la réussite mène vers un avenir meilleur et même vers l’amitié.


Et la plume de l’auteur donne une saveur d’honnêteté sur l’histoire et ses personnages et donner aussi un arrière-goût pour les plus nostalgiques.


Voilà pourquoi, ‘’L’année Rase-bitume’’ est une œuvre intéressante et très sympathique à lire et que je recommande pour ceux qui ont des enfants au collège.


Bonus :


Si je devais faire un petit reproche, les rééditions ont ressorti le livre de Philippe Bardeau, mais ils ont changé un élément de l’histoire, la monnaie.


En 1996, la France avait comme monnaie nationale, le Franc français et la nouvelle édition a changée l’ancienne monnaie française par l’Euro.


Seulement, l’Euro a vu le jour en 1999 et a été mis en circulation le 1er janvier 2002 en France, ce qui crée une incohérence historique, anachronique et risque de faire perdre le lecteur.

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le 3 nov. 2022

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