Avec un titre pareil L'authentique Pearline Portious j'ai cru que ça parlait d'un bateau. Puis, j'ai compris que "l'autenthique Pearline Portious" c'était une femme : Pearline Portious. (Les raisons du mot "authentique" sont expliqué en cours de livre.) Une jamaïcaine. J'ai cru à un moment que ça parlait d'une femme noire devenue capitaine d'un vaisseau de Pirate.


Perdu. Le livre raconte la vie de Pearline Portious, mais surtout de sa fille, Adamine Bustamante qui est née dans une léproserie et dont la vie est particulièrement atypique : elle va devenir une sorte de prophétesse Jamaïcaine avant d'émigrer en Angleterre dans les années 70. Si sa vie est d'abord décrite à la troisième personne, Adamine se met de temps en temps à interrompre le récit, ajoutant des détails, expliquant que certaines choses sont fausses ou racontant des anecdote avec son patoi jamaïcain. Petit à petit un jeu se créé et l'on commence à comprendre que les raisons du narrateur (monsieur gratte-papyé) de raconter cette histoire.


Au départ, je ne comprenais vraiment pas ce que le récit voulait raconter et où il m'emmenait, mais Kei Miller est un bon écrivain, il sait parler au lecteur. Ca n'est jamais ennuyeux et le roman utilise de nombreux effets de style : récit dans le récit, narration par des témoins, retour sur des événements. Alors, certes l'histoire décrite n'est pas toujours joyeuses (il n'est pas bon être une femme pauvre en jamaïque, et certaines anecdotes de viols ou de meurtres sont assez glaçantes) mais le récit se suit bien.


Après, il est difficile d'en parler sans évoquer le phrasé, très emprunt de langue créole, d'expressions, de tournure de langue, mais on entre dans la zone "le critique est un gros vendu"....


....


En effet, si j'ai lu ce livre par curiosité, c'est parce que Nathalie Carré, la traductrice .... est ma cousine.


Mais c'est d'autant plus à son honneur, puisque ce livre, que j'avais lu plus par curiosité qu'autre chose, m'a bien pris au tripe. Et surtout, je dois reconnaitre que ça n'a pas dû être une mince affaire que de traduire le verbiage typique des jamaïcains et de le transposer dans une formulation qui permet d'en apprécier tout le côté coloré de ce que devait, je suppose, être la version d'origine.


Pour vous donner un extrait :



"Mysiè l'agein, l'homme-là, l'est qu'un tueur de ti-moun, c'est
mort-là, qu'y mérite !" "Pardon Madame ?" "Mysiè l'agein, Pauv-ti
mwen, Lord, baille mwen pardon, mwen qu'à péché... Look, prends pitiè
mon fiston, mon timoun, là, tombé-chuté."



Bref, c'est un livre qui est loin d'être ordinaire et que je suis vraiment content d'avoir lu.

le-mad-dog
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le 3 oct. 2019

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