Lucie Choffey est une jeune mère de famille ayant décidé, à l’issue d’une formation supérieure, de donner la priorité à son foyer et à ses enfants. Situation banale à première vue mais dont on est rapidement amené à faire une lecture plus politique dès le moment où l’auteur se heurte à l’incompréhension des milieux qu’elle fréquente (sa famille, son réseau social, le marché du travail, etc.). L’occasion de dresser le portrait d’une société individualiste et hédoniste dans laquelle l’impératif de l’épanouissement de la femme est utilisé par les féministes comme une injonction culpabilisante. Auprès des employeurs, présenter sa future maternité sous le jour de l’accident ou du déni de grossesse est souvent mieux accepté que sous celui d’un enfantement voulu et assumé. Le désir de maternité n’est jamais pris en compte dans les tests d’orientation professionnelle et « les femmes au foyer sont perçues comme des écervelées archaïques, fainéantes et inutiles pour la société ». Pour expliquer le phénomène, Lucie Choffey propose une généalogie assez particulière (et assez discutable) mais qui ne manque pas d’originalité : elle attribue la paternité du féminisme français à Charles Fourier et à l’utopie phalanstérienne, rend l’athéisme responsable de la désacralisation de la fidélité conjugale et s’en prend, dans l’histoire, aux lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat comme sources de la dégradation des valeurs familiales. Elle relève l’origine bourgeoise d’un grand nombre de figures féministes, ce qui explique le décalage existant entre le discours du travail féminin considéré comme une forme d’émancipation et l’exploitation bien réelle dont sont victimes un grand nombre de travailleuses.
S’inscrivant explicitement (elle les cite abondamment) dans la lignée d’essayistes comme Eric Zemmour ou Alain Soral, elle regrette que les « féministes [aient] transformé les hommes en joyeux déserteurs » et compare les mâles contemporains à des chapons… Elle s’en prend également à la théorie du genre, dont elle rappelle que les lobbies qui la promeuvent bénéficient du soutien d’organismes aussi philanthropiques que Goldman Sachs ou Monsanto. « Mes sœurs les femmes, osons retourner dans nos foyers, écrit-elle. Réapprenons à suivre nos instincts biologiques et non les diktats de la société de consommation relayés par les médias et variant selon les modes. » Une défense résolument intempestive de la maternité, de la vie domestique et de la famille traditionnelle.