Je lis régulièrement ses billets dans Charlie, qui, je trouve, relèvent le niveau global de la rédaction du journal. Entre les psychanalystes fous, les franc-tireurs embusqués, et l'odeur douce réactionnaire du journal, j'aime la plume de Lançon, qui derrière la banalité de son existence construit une pensée politique fine et littéraire.
J'avais adoré écouter Bach à l'hôpital avec Lançon dans son Lambeau, pendant que son visage se faisait sculpter par une chirurgienne avec qui il discutait de musique classique.
L'élan, ici, laisse la musique de côté - bien que le personnage soit pianiste professionnel - pour une histoire sentimentale faite de regrets, et de "et si...". Et pourtant quelque chose subsiste, une mélancolie joyeuse, où la tristesse et l'amour se mélangent, où les désirs en mots, s'évapore à la lecture.
Le sentiment amoureux, comme des vacances d'été est absorbé par la rentrée scolaire ; déjà le travail et la vie effréné reprennent le dessus. L'âge médian de cinquante ans pousse From a se rendre compte qu'il a peut-être raté sa vie, où peut-être pas. Il arrive à un stade où une sorte de bilan s'impose, peut-être est-ce l'âge canonique où l'on sait que déjà la moitié de notre vie est passé, et que déjà, nous entamons la deuxième moitié d'un livre en cours.
J'espère retrouver Philippe Lançon très vite, en roman, en récit, l'élan ce lit comme le titre : d'un coup juste.