Décidément, en retrouvant la fiche de ce polar perpignanais "L'été, tous les chats s'ennuient", édité par Pocket, en découvrant l'absence de critique, et le très faible nombre de notes, j'ai pensé qu'une nouvelle fois, je m'étais fourvoyé. Pourtant, un auteur qui reçoit Le prix SNCF du polar, Le prix sang pour sang polar, Le prix Arsène Lupin, et Le prix du premier roman policier, le tout la même année, en 2010, ne pouvait pas laisser indifférent. Depuis, j'ai découvert que ce livre avait une seconde fiche pour l'édition Jigal, mais à peine plus suivi avec seulement 14 notes.
Que penser de tout ceci ? Le polar français n'attire pas ? Faut-il s'inscrire dans une mode impersonnelle pour séduire le lecteur ? Je ne sais pas... Mais je pense qu'il faut rester soi-même et proposer des histoires que l'on porte avec conviction. Comme le fait, ici, Philippe Georget.
J'ai eu l'occasion de croiser l'auteur, au moins une fois. J'ignorais tout de son œuvre et c'est en découvrant ce livre chez Gibert Jeunes, que je me suis rappelé cette rencontre pour l'acheter et m'y atteler.
Je ne regrette pas car cette histoire pour le moins originale possède des vertus que l'on ne trouve nulle part ailleurs.
D'abord, le héros, le policier de service, Gilles Sebag, est un mari plutôt sympathique, qui aime sa femme, et cherche à protéger ses enfants en les aidant à domestiquer leur autonomie. Ce n'est pas courant, et son attitude l'est encore moins. Nonchalant, pas pressé de venir au boulot, adepte du farniente au pied de sa piscine, ce n'est pas le super héros à la Marvel, ni le flic neurasthénique, et encore moins, le solitaire alcoolique aux névroses perverses. Le mec bien, quoi !
Les autres personnages sont du même acabit: crédibles, pas caricaturaux, plutôt sympathiques, attirants, qui fait qu'on s'y attache très vite malgré leurs travers réalistes et, ma foi, gentillets.
Quant à l'intrigue, je dirai qu'elle sert de prétexte. Trois jeunes hollandaises sont tour à tour assassinée, victime d'une tentative d'enlèvement, et la dernière disparaît pour de bon.
Les pontes parisiens, qui envoient leur fins limiers à Perpignan, pensent au serial killer, mais c'est sous-estimer le nez fin de Sebag qui n'est pas convaincu par cette thèse et se retrouve embarqué dans une sorte de jeu de piste macabre. Au bout de la ficelle, un criminel, lui aussi original.
Voici une histoire sympathique, assez classique, racontée avec une certaine aisance, au rythme parfois un peu (trop) lent, mais avec un charme certain, développée autour de personnages agréables et d'une crédibilité assumée.
Une très bonne lecture à faire au cours de cet été.