Court, fluide et didactique, Sartre démolit un à un les objections de ses adversaires philosophiques et en profite pour offrir une synthèse limpide de ce qu'est l'existentialisme. Sartre est un incroyable orateur et vulgarisateur de sa pensée, je n'avais encore rien lu de lui mais il me semble que ce petit essai se suffit à lui même pour comprendre l'essentiel.
Lire l'existentialisme est un humanisme est enthousiasmant ; à notre époque du personnal branding c'est même étrangement familier. C'est incroyable de se rendre compte à quel point les coachs en développement personnel ont pillé avec entrain les valeurs existentialistes à des fins productivistes : "tu es le moteur de ta propre vie" / "le succès n'est pas une question de chance mais de choix" et bliblablou.
Alors j'ai eu tendance à juger Sartre... il penserait donc que les pauvres ou les oppressés sont responsable de leur état (discours culpabilisant typique du développement personnel) ? Ben non bien sûr, c'est Sartre ! Son propos est limpide et implacable par la suite, et j'ai réalisé que c'étaient les coachs en DP que je devrai juger (mais je m'égare).
L'homme est responsable de ce qu'il est, mais la distinction qu'il apporte entre nature humaine (qui n'existe pas) et condition humaine (qui est liée à une conjoncture de données : époque, milieu social lieu géographique, etc) permet de régler ce léger scepticisme de départ... pardon Jean-Paul.
Après m'être égarée dans ces considérations, j'ajouterai que lire L'existentialisme est un humanisme force à l'action, à l'enthousiasme et à la compréhension exaltante et optimiste de notre entière liberté. Sartre réussit à s'appuyer sur les sophismes qui tentent de détruire la thèse existentialiste pour la porter aux Cieux (où Dieu le Père n'est plus), c'est une philosophie percutante et accessible sans se dévoyer ; pas étonnant que même sans lire Sartre, nous connaissons tous un peu de sa conception de l'existence...