Marie Curie

Ce qu'il y a de bien quand on a quelqu'un de proche dans le milieu du livre c'est qu'on peut l'aider dans son boulot en y prenant grand plaisir. Bon ne pas le crier trop fort quand même... XD

Rosa Montero est une journaliste, romancière espagnole très populaire notamment grâce à "La folle du logis".

Elle a été engagée pour préfacer la version espagnole du journal de Marie Curie il y a quelques années, celui que la scientifique a tenu après la disparition de son Pierre de mari, la journaliste découvre une femme totalement méconnue.
Elle laisse aller sa plume à évoquer la femme qu'elle a rencontré et accouche d'un livre hybride à mi chemin entre la biographie, les souvenirs personnels et un essai sociologique.

Elle prouve s'il en est encore besoin que l'organe principal des femmes reste et sera toujours le coeur quelque soit le degré d'intelligence de celle à laquelle il appartient.
Rosa analyse la douleur d'une femme, d''une femme amoureuse qui a perdu celui qu'elle adorait, avec qui elle vivait, mangeait, travaillait. Comment survivre au deuil et à la solitude même si on est une scientifique reconnue. comment réapprendre à vivre et à dépasser la solitude ? En a t'on le droit en tant que femme ?

Là s'ouvre une nouvelle étape du travail de Madame Montero. Sortir Marie curie de son image de génie scientifique, seule femme à avoir reçu deux prix Nobel pour la ramener à sa condition d'être vivant de sexe féminin.

Elle explique en particulier comment cette femme, cette scientifique, cette mère, 5 ans après la mort de son amour, retrouve la joie d'aimer de nouveau.
Elle s'autorise à être de nouveau heureuse. L'homme est un scientifique renommé, certes marié mais qui s'est engagé dans une relation adultère avec celle qui est libre depuis 5 ans (je me répète mais c'est important).
Lorsque l'affaire se sait, c'est évidemment sur elle que se jette l’opprobre publique. Lui trompe sa femme mais c'est elle qui est une salope.
Lui a une maîtresse, elle ne trompe personne mais c'est elle qui sera montrée du doigt au point d'être renvoyée de l'académie des Sciences.
Lui, prendra simplement une autre maîtresse sans être plus ennuyée, elle a failli se voir refuser son second prix Nobel et va devoir disparaître pendant un an.
A l'heure de l'information instantanée et de l'Internet, l'affaire aurait été connue assez tôt pour la priver de son prix. Là, l'affaire arriva à Stockholm trop tard.
Marie Curie reçut quand même une lettre du comité lui demandant, par décence, de ne pas venir chercher son prix.

Contrairement au "Les Palmes de M. Schultz", ici Marie nous apparaît bien plus clairement, dans une autre époque de sa vie. Elle nous est plus intime et nous éclaire finement sur la place des femmes dans le monde aujourd'hui encore plus qu'hier.

Rosa Montero, veuve également a partagé la douleur de Marie Curie et par là entremêle leurs deux vies. En parlant de Marie, elle parle de Rosa. Elle livre ainsi, un texte original, sincère et sans fard qui est bien plus riche d'une simple biographie même celle d'une femme des plus brillantes de son siècle.