De Guillaume Audru, un écrivain poitevin qui tient blog également : Territoires polars.
Son île, G. Audru est allé la pêcher en Écosse, dans le détroit qui sépare la grande île de l’archipel des Orcades, tout au nord : c’est Stroma.
Et son bouquin commence vite et bien : en quelques pages, il nous met en place tous les personnages (il y en a peu) de la petite île (elle est pas grande).
Quelques coups de pinceaux, brossés rapidement et presque rageusement. L’île n’est pas tendre et les îliens non plus.

[…] Il existe encore quelques idiots pour visiter en voiture une île de trois kilomètres sur à peine deux.

Peu d’activités évidemment, à part le seul et unique pub : une pêcherie, évidemment, une distillerie, bien sûr, et un atelier de lainages. Les rivalités sont anciennes et elles ont de profondes racines, elles résistent au vent et à la mer.
Dès les toutes premières pages, l’auteur a même la sagesse de nous épargner un folklore celtique trop pesant, histoire de nous mettre en confiance et de gagner notre complicité pour la suite :

[…] Ses odeurs tourbées, son phare qu’on distingue des kilomètres à la ronde. Sa conserverie de poisson, ses pulls pure laine de mouton. J’arrête là le guide touristique. Je sens venir la nausée.

Après plusieurs années d’exil sur la grande île à Inverness, Eddie revient sur Stroma, tel le fils prodigue. Après avoir été flic, le voici qui va reprendre la boutique de la famille. Dès son arrivée ‘à la maison’, on devine bien vite le contentieux avec le Vieux, le père. Ces deux-là n’ont pas encore réglé leurs comptes, ni entre eux ni peut-être même avec d’autres.
Mais les choses s’accélèrent encore avec la découverte d’un squelette sur un petit chantier. On songe évidemment à L’homme du lac de l’islandais Indridason et les ambiances sont assez proches.
Et notre aimable poitevin n’a pas vraiment à rougir de cette comparaison : son premier livre est plutôt bien écrit. Les chapitres alternent les points de vue : le fils Eddie, bien sûr, mais aussi son père, Le Vieux et bientôt la flic du coin, Moira qui est évidemment une ancienne amourette d’Eddie.
Le huis-clos est ouvert à tous les vents mais l’atmosphère insulaire est étouffante, alourdie de secrets et de non-dits. Et c’est pas le vieux squelette remonté à la surface qui va dire le contraire.
On regrette juste encore quelques maladresses (de premier roman) dans les dialogues qui semblent parfois un peu décalés en regard de la violence des sentiments exposés.
Un auteur à faire connaître avec cette lecture bien agréable.
BMR
7
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le 27 mars 2014

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BMR

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