Mon avis : L’histoire est assez simple en soi, puisque six protagonistes se retrouvent et discutent ensemble. Leurs échanges sont relativement étranges, car nous avons bien du mal à suivre de quoi il retourne : entre la pendule qui est détraquée, les discussions pour lesquelles « non-sens » semble être le maître mot, et les faits qui sont tous plus délirants les uns que les autres… Au fur et à mesure que les scènes se suivent, nous glissons de plus en plus dans l’absurde, pour finir par des successions de phrases n’ayant aucun sens, comme « Touche la mouche, mouche pas la touche », ou encore « Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao ! » (Scène 11)
Les protagonistes mis en scène sont pour le moins bizarres. En effet, M. et Mme Martin, qui selon toute probabilité sont mari et femme, semblent ne pas se souvenir de s’être déjà rencontrés, jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’ils habitent ensemble et se remémorent leur vie commune. M. et Mme Smith, quant à eux, paraissent prendre un malin plaisir à se contredire, et ils vont ainsi débattre de longues minutes pour savoir si lorsque l’on sonne à la porte, cela indique le plus souvent qu’il y a quelqu’un derrière ou personne. Mary, la bonne, se permet beaucoup de libertés par rapport à sa condition. Quant au capitaine des pompiers, il contera aux convives une série d’anecdotes pour le moins bizarres. Nous savons finalement peu de choses sur ces personnages, qui sont aussi peu compréhensibles que les propos qu’ils tiennent.
L’idée de La Cantatrice chauve serait venue à Ionesco alors qu’il apprenait l’anglais grâce à la méthode Assimil. Les dialogues étranges et l’enchaînement de phrases sans rapport lui auraient donné envie d’écrire cette pièce. À travers ce titre appartenant au registre du théâtre de l’absurde, Ionesco nous propose une œuvre dans laquelle la communication se réduit un peu plus à chaque page que l’on tourne. En effet, au début de l’intrigue, Mme Smith a des sujets de conversations qui ne semblent pas intéresser son époux, plongé dans son journal, mais ce qu’elle dit a tout de même du sens. À la fin de La Cantatrice chauve, les propos des personnages n’ont plus aucune cohérence ni logique. Certains passages m’ont clairement amusée, j’ai même ri à plusieurs reprises, mais le côté excessivement loufoque de cette pièce de théâtre l’était peut-être un peu trop pour moi.
À recommander : À tous ceux qui ont envie de lire une pièce originale.
Une citation : « Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l’éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier. Elle a quelqu’un en vue ? » (Scène 1)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/08/25/la-cantatrice-chauve-eugene-ionesco/comment-page-1/#comment-186