Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée
anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles
anglais, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, près d'un
feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise
anglaise. À côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith,
Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de
silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.
Une pièce qui est une pièce qui déjoue complètement l'horizon d'attente d'une pièce, bref une anti-pièce. Pas d'avancée dans l'intrigue qui ne contient pas d'intrigue du tout. Un fond critique avec une critique de la bourgeoise qui critique le mode de vie bourgeois, la manière bourgeoise de se comporter. Une utilisation insolite du langage pour le moins insolite qui pousse à réfléchir à travers une réflexion sur le vide du vide du langage. Et évidemment, beaucoup d'absurde bien absurde avec quelquefois un fond de parodie enrobé de beaucoup d'absurde...
Bref, on a beau s'attendre à une pièce pas comme les autres, La Cantatrice chauve parvient souvent à surprendre, quelquefois à décrocher un sourire, et à être toujours fascinant. Eugène Ionesco, un auteur pas comme les autres.