Une amie m'a dit "Tu dois absolument lire ça, mais attention c'est hard". Habituée des romances et romans érotiques les plus farfelus et épicés, j'ai fait peu de cas de cet avertissement. Bien mal m'en a pris. Je m'étonne des nombreuses critiques qui qualifient ce roman d'"excitant". Intrigant? Oui. Drôle? Parfois. Dérangeant? Assurément. Excitant? Pas pour moi, presque à aucun moment. Ce livre m'a plus fait l'impression d'un essai sur les fantasmes et la passion qu'un roman érotique. J'ai été plutôt hermétique au discours "Jusqu'on va-t-on/peut-on aller au nom de la passion?" car l'autrice entretient avec soin la confusion entre ce qui relève du fantasme et ce qui s'est réellement passé entre ses deux protagonistes. En plus de cela, le style cru et soutenu m'a presque systématiquement sorti de l'érotisme et rendu le récit plus comique qu'affriolant. Jamais excitant. Une légère impression assez désagréable, aussi, de lire un exercice de de français : alors là, voyez la métaphore filée, ici l'allitération, etc...

Certains passages, et ce sont ceux qui valent au roman ma note sévère, sont aussi très durs à lire en 2023, en premier lieu l'utilisation des mots "nègres" et "bougnoule", qui ne m'a paru ni nécessaire ni justifiée, la fétichisation très malaisante et constante des Noirs et des Arabes, vraiment, je m'en serai passée. Ce livre n'a tout de même pas été écrit dans les années 30, mais à la toute fin des années 80, j'ai donc du mal à trouver la moindre excuse à l'auteure, prof de français de surcroit. L'utilisation de ce vocabulaire et de ce discours pue la condescendance et le privilège. Vraiment écœurant.

Son approche du consentement est également assez problématique tout le long du livre et je crois que c'est aussi cela qui m'a sortie de l'érotisme. Pour que ce soit érotique, il faut qu'il y ait consentement, discussion, un monologue intérieur des intéressés a minima montrant qu'ils sont d'accord, prévenus et que les actes commis leur apportent une satisfaction quelle qu'elle soit (physique ou mentale ou spirituelle etc...). Dans ce récit, plusieurs situations relèvent purement et simplement du viol. Pas de consentement, voire du refus véhément, pas de discussions préalables, force, surprise, chantage, tout y passe et ces situations ne PEUVENT PAS susciter en moi d'émoi autre que le dégout de la scène, la compassion pour la victime, la colère envers le/la violeur/se.

Un sursaut de brillance tout de même, le chapitre du gynéco qui m'a fait mourir de rire et qui touche du doigt (si j'ose) bon nombre de thématiques très actuelles (violences obstétricales, attitude des médecins, maternité) d'une manière hilarante et assez jouissive.

Bon voilà, en bref, passez votre chemin.

twohands
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le 30 mai 2023

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