Je n'avais jamais lu de roman de Pouchkine, mais il faut dire que l'auteur n'a pas vécu sacrément longtemps pour offrir une oeuvre aussi fournie que celle d'un Toltsoï.
La Fille du Capitaine est un roman qui se lit bien et sans déplaisir, malgré le passage du temps. L'intrigue reste assez simple : un jeune noble est envoyé faire ses classes d'arme dans un fort isolé au beau milieu de nulle part. Il y tombe amoureux de Masha, la fille du capitaine qui dirige le fort et se battra même en duel avec Chvabrine, un de ses prétendants. La révolte de Pougatchev éclate, le fort est pris, et Chvabrine, passé du côté de Pougatchev, enlève Masha. Or, par le passé le héros a montré de la gentillesse envers un pauvre hère qui s'averera être Pougatchev. En remerciement celui-ci le grâcie et le héros décide de jouer de cette potentielle influence pour reconquérir sa fiancé.
Voilà, tout est planté : Une intrigue se plaçant dans un contexte historique, un personnage bon et loyal face à un félon, afin de secourir une demoiselle en détresse. Si on est sur quelque chose d'assez manichéen, au final, le but de Pouchkine était de faire un roman d'histoire à la Walter Scott, qui permettait de faire passer la pillule des "chroniques de guerre de Pougatchov" et de raconter l'histoire.
Mais surtout, il y a Pougatchov et son portrait qui m'a rappelé de façon amusante celui de Long John Silver : un type méchant, violent, qui peut massacrer pour un rien... mais qui tente aussi d'être un chef bon, d'établir un semblant de justice et d'amitié. Il se développe une sorte d'amitié très étrange entre lui et le héros : il lui donne un sauf conduit, lui demande conseil, se réjouit de son mariage car il sait que c'est la seule personne qui sera sincère avec lui.
En outre, le livre ne se perd pas en fioriture et reste un roman d'aventure assez efficace (avec deux fins différentes) qui offre aussi quelques passages comiques (comme la description d'un tuteur français lamentable dans le premier chapitre.)
Alors, oui, il y avait aussi dans l'esprit de Pouchkine une idée politique (renvoyant à la rebellion à laquelle il avait lui même participé) mais ce que je retiens surtout de ce livre, c'est que son héros sera fortement blessé suite à un duel fondé sur une histoire de jalousie. Ce dont l'auteur, mourra trois mois après la publication du roman.