Cela fait des années que je voulais lire la Horde du Contrevent, mais à chaque fois ce livre filait comme le vent entre mes doigts. Et c’est finalement le plus pur des hasard qui me l’a mis entre les mains.

Le roman commence in medias res, immédiatement vous serez pris dans le récit, au milieu de la Horde, des personnages aux fonctions et personnalités différentes, qui font face au(x) vent(s) et vous découvrirez leur but : trouver l’origine du vent. Sur un monde où le(s) vent(s) souffle(nt) toujours dans le même sens, sans jamais s’arrêter, les Hordes du Contrevent ont pour mission de remonter jusqu’à l’Extrême-Amont afin de découvrir ce qu’il y a au-delà du monde connu. Pour cela, ils doivent affronter toutes les formes de vent, à pieds, sans aide, armés seulement de leurs volontés.

Au début du roman on peut être un peu submergé par les termes techniques, le style et les personnages (d’autant plus qu’ils prennent la parole à tour de rôle et sont simplement symbolisés par un signe, souvent de ponctuation ou ressemblant (qui correspondent pour certains à la notation de certaines forme du vent)).

Mais assez vite, les personnages rencontrent les Fréoles un peuple de navigateurs des airs et on a le droit à une véritable présentation des personnages, de leurs fonctions, on peut ainsi faire connaissance avec eux. Vous apprendrez donc à connaître de Golgoth, l’alpha et l’omega de la horde, avec son langage brut et brutal, mais sa volonté de progresser toujours plus loin et surtout de dépasser son père. Caracole qui techniquement ne sert pas grand chose dans la Horde à part mettre tout le monde de bonne humeur, mais joue avec les mots comme un jongleur virtuose. Pietro Della Rocca, le prince très digne, Sov le scribe qui retranscrit le vent grâce à un langage fait d’apostrophes, de virgules et de tirets, Arval l’éclaireur, Oroshi l’aéromaître, Callirhoé la feuleuse qui fait tourner bien des têtes, Erg le combattant-protecteur taciturne et bien d’autres (ils sont 23)

Damasio est un auteur connu et ce roman est connu et réputé. En effet, il est extrêmement travaillé. La narration est juste, portée par les péripéties nombreuses qui ne laissent nul répit et par les voix des personnages. Les personnages affrontent tour à tour les formes du vent, les montagnes, des marécages qui se transforment en lac, un tueur sans merci.

Les jeux de mots sont très nombreux (le poète Caracole joue constamment sur les mots et les sonorités) et tout semble avoir un but (les jeux de mots sont souvent orientés vers le même chant lexical, le vent, évidemment (après tout la parole est un souffle, elle prend diverse forme, comme le vent)). Certains thèmes reviennent très souvent, car les personnages mènent une quête. Et la quête est aussi importante que le résultat de celle-ci, ils sont dans une permanente recherche : de réponses, de vie, d’amour, de savoir…

Dans ce roman il y a donc plusieurs niveaux de lecture, vous pouvez simplement y voir les aventures d’un groupe qui marche contre le vent, à qui il arrive des mésaventures. Vous pouvez également voir la Quête spirituelle qui habite ce groupe, pour laquelle le voyage est plus important que le but, pour laquelle comprendre comment fonctionnent les vents, le vif et comment évolueront les relations entre les personnages est plus important que ce qu’ils trouveront ou pas finalement au terme de leur Quête.



Parce que, même si je ne vous dis rien, je me suis personnellement demandé depuis le début comment ils feraient s’ils dépassaient les Hordes précédentes pour prévenir les gens restés en arrière, parce que si l’aller est compliqué, le retour le serait certainement aussi ? (mais c’était ma théorie des premières pages, je ne vous dis pas comment elle a évolué par la suite, ça vous fera cogiter!)

En somme, c’est un très bon livre, je pense que tous les amateurs de fantasy et d’aventures pourront apprécier ce roman. On m’avait prévenu que la polyphonie de la narration pourrait me poser des soucis, finalement je n’ai pas trouvé que c’était si compliqué (le marque-page avec la récapitulation des personnages et de leurs symboles est évidemment vital), mais ce sont souvent les mêmes personnages qui reviennent et on finit par reconnaître ou leur style de pensée ou leur symbole donc à part pour ceux qui interviennent vraiment rarement, on s’en sort assez vite !

Alain Damasio a aussi créé un site Internet qui réuni des bribes de son univers, vous pourrez notamment retrouver la bande-annonce qu’il avait publié à la sortie de son livre et des extraits du CD (musique et lecture) qui est également vendu avec le livre. Les textes et les musiques sont écrites pour suivre le livre et le vent qui portent le texte, donc allez jeter un œil !

Alors, qu’attendez-vous encore !

Prenez le vent, de bonnes chaussures et contrez !
Kissed-by-fire
9
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le 28 févr. 2015

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Kissed-by-fire

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