C'est un matin de canicule ordinaire dans cette banlieue anonyme française. Mais à 7:00 pile, un coup de tonnerre sort les habitants de la tour des érables de leur torpeur. Ce qu'ils découvrent par leur fenêtre les plonge dans la plus grande perplexité: leur environnement est plongé dans une brume épaisse, phénomène météorologique inédit en période caniculaire. Ils se rendent compte que plus aucun appareil électrique ou mécanique ne fonctionne, que certains habitants commencent à disparaître, sans laisser aucune trace. Les moyens de communication sont coupés, quelques intrépides tentent de franchir la frontière de brume... pour ne jamais revenir. L'état de siège s'installe, l'immeuble commence à s'organiser lentement. Chacun pressent que les problèmes ne font que commencer.

Pour son dernier roman, Jean-Pierre Andrevon nous livre un huis-clos à l'échelle d'une barre d'immeuble. Un ensemble de personnes se retrouve mystérieusement coupé du monde et plongé dans une horreur croissante. L'histoire en elle-même est construite comme un récit d'épouvante, une sorte de thriller psychologique, à mesure que les protagonistes s'enfoncent dans l'incompréhension, l'horreur et la folie. Le suspense fonctionne, et le lecteur est bel est bien entraîné dans le mystère.

Le roman est très ancré dans notre présent des années 2000 en France, le récit étant ponctué de nombreuses références, tant en terme de marques, de personnages médiatiques ou encore de références culturelles mainstream qui je pense ne manqueront pas de laisser perplexe des lecteurs dans 50 ans, ou plus proche de nous des lecteurs étrangers qui liront une traduction. Se servant d'un symbole de la décadence de notre société (la barre d'immeuble) comme point de départ, l'auteur recrée une sorte de micro-société française et s'attarde sur les relations sociales à notre époque. De plus, cet environnement lui permet d'évoquer des problèmes sociaux actuels tels le mal-être des jeunes des banlieues, la drogue, l'intégrisme religieux et d'autres aspects d'actualité préoccupants. J'ai bien dit évoquer, et pas traiter, il ne s'agit pas d'un essai sociologique, mais d'un roman fantastique, et comme certains pourraient le redouter on ne trouvera rien de pénible, de moralisateur etc. L'ensemble, références à notre époque et à l'actualité, enracinent le récit avec force, et donnent un aspect encore plus spectaculaire au développement fantastique.

Alors oui, tout de même, certains personnages sont un peu caricaturaux, mais cela reste marginal. J'avoue aussi que le dénouement, qui apporte une réponse sur l'origine de la brume mystérieuse et sur les évènements du roman m'a laissé sur ma faim. Mais, je vais prendre sur moi et reconnaître mon exigence sur cet aspect, préférant ne pas avoir d'explication plutôt qu'une explication que je jugerai simpliste, et me laisser aller à mes propres conjectures. Là en l'occurrence, je pense qu'elle ne sert que de prétexte mais qu'importe: la qualité du roman, qui ne réside pas dans ses dernières pages, n'en est pas gâchée.

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matteo
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le 26 nov. 2014

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