Je m'attendais à quelque chose de tragique dans La Métamorphose, mais il y a aussi quelques effets comiques au début de l'histoire. Gregor, transformé en "monstrueux insecte", est presque mignon quand il se cache sous les meubles, et sa soeur semble au début étonnamment compréhensive. Il y a un côté ridicule adorable.
Cette nouvelle oscille entre fantastique et réalisme magique, et sert de métaphore sans que l'on ait d'idée définitive de quoi ; ce qui laisse au lecteur une grande marge d'interprétation.
Je vous confie la mienne : c'est que Gregor représente chaque personne âgée qui a travaillée toute sa vie pour subvenir aux besoins de sa famille et leur laisser un héritage. Sa métamorphose, ce peut être l'âge ou la maladie. Sa famille prend d'abord soin de lui dans cette épreuve, mais déjà il se sent solitaire et mourant. Sa famille ne pouvant plus compter sur lui pour vivre, chacun doit trouver un travail et se débrouiller, au lieu de vivre à son crochet. La maladie de Gregor a donc inversé la situation : c'est maintenant lui qui vit au crochet du reste de la famille, en parasite. C'est peut-être pour représenter cela que dans cette fable, il s'est transformé en monstrueux insecte/cafard/vermine (selon la traduction) au lieu d'autre chose. Par la suite, le reste de la famille oubliant toute forme de gratitude passée, ils vont tenter de se débarrasser de ce qui est désormais pour eux un fardeau financier et moral – un peu comme chaque personne âgée envoyé à l'hospice. Après la mort de Gregor, tout le monde est à nouveau heureux et même capable de subvenir à ses propres besoins.
J'ai adoré la vision cynique que Kafka a des relations de famille, mais au vu du nombre d'interprétations qui existent de cette nouvelle – plus d'une centaine –, c'est sans doute juste moi.
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