La Métamorphose par Kalimera

Ma première notation de La métamorphose était tout juste dans la moyenne
A cause du ressenti, de ma première lecture en autodidacte....à 12 ans..
il fallait sans doute aucun que je le relise et que je me débarrasse de mon traumatisme.
En même temps lire La Métamorphose à 12 ans.. Il faut être un peu masochiste. C'est le genre de livre où l'interprétation influe avec l'âge et l'expérience, je pense qu'à 12 ans j'ai lu ça comme "une histoire de monstre". Je n'avais sans doute pas la maturité et la lucidité nécessaire à une "bonne " lecture.
Et puis cela peut être intéressant de faire une critique en deux temps : lu à 12 ans puis à 49 1/2 ;)

C'est comme ça que l'idée de relire La métamorphose avec un trou, un monde, une vie, un écart de prés de 37 ans est venue.
Je me souviens parfaitement de ce moment, de mon premier Kafka, à une époque ou les quelques copines que j'avais ne lisaient que Ok magasine, Salut les copains, se trémoussaient en ligne comme les claudettes, pendant que je suppliais ma mère tous les samedis de m'acheter un livre (pas de fantômette s'il te plait, autre chose, maman) et que je me transformais en délinquante chaque mercredis après midi, à la bibliothèque (de poche) du village (un trou) en soutenant le regard de la responsable des prêts et mentant effrontément sur l'accord de mes parents (et oui ) quant à mes lectures.
Partir avec Kafka sous le bras, vous l'aurez compris, aura été une victoire sur les adultes qui me dictaient mes lectures et entravaient ma liberté et ma soif de savoir livresque et romanesque.
Malheureusement, trop jeune, mon manque de maturité m'a longtemps été reproché en conseil de classe :),je suis ressortie de ma lecture avec un rejet intense de cette nouvelle terrible et bien trop profonde pour la petite fille que j'étais :
En conflit larvé avec sa mère qui aurait préféré voir sa fille l'aider à la maison au lieu de se cacher pour lire tout ce qui lui tombait sous les yeux, jalouse de sa petite soeur et de la liberté accordée à son frère (pourquoi un garçon a t-il toutes les joies et les insouciances de l'enfance, humm ?) et déjà avec la peur de ce que l'avenir allait faire d'elle.
TOUT dans cette histoire était un écho déformé de ma propre vie.
D'ou mon 5 sur senscritique.
Je viens de relire La métamorphose.
Et tout d'un coup je vois enfin le chef-d'oeuvre, celui qui parle de la différence du rejet du manque d'amour et de la distanciation entre les êtres d'une même famille, sur un mode d'écriture éclatant fluide et parfaitement maîtrisé.
D'ou mon 8 d'aujourd'hui.
Mais je crois que mes deux lectures, si distantes l'une de l'autre se complètent parfaitement pour faire un tout de moi-même, tout simplement.