Les mères castratristes provoquent des dérèglements chez leurs enfants : aussi Ulrika Kohüt, Professeur de piano de renom à Vienne, qui vit toujours avec sa mère, connaît nombre de désirs refoulées. De plus, elle se montre hautaine, méprisante et particulièrement exigeante avec ses élèves, et parfois sadique, comme le montre une scène édifiante de sévice avec du verre pilé. Ses frustrations et désirs la mènent de temps en temps à des peep-shows et à se mutiler à un endroit des plus curieux.
Puis, elle rencontre Klemmer, qui devient fou amoureux d'elle, finit par lui avouer et par mesurer la détresse, vertigineuse, de son Professeur. Ils se séparent, et les conclusions finissent par être assez fatales pour le personnage principal


Ce livre a été couronné par le Prix Nobel de littérature.


Le style est sec, concis, et d'autant plus fort et violent, vu le sujet. Personnellement, je plaints le personnage plus qu'il ne me choque, malgré les péripéties que cette dame nous fait vivre, en même temps qu'elle se les fait subir. Ce livre est une sorte de thriller psychologique : on sait d'avance que la relation entre les personnages ne retombera pas sur ses pieds, si bien qu'on craint le pire à chaque instant, ce qui permet d'agréablement amortir le choc.
C'est donc un livre pour adultes et adolescents, sans davantage de réserves. Il est très bon pour les raisons susmentionnées.


J'avais d'abord vu le film au printemps 2001, de l'Autrichien Michaël Haneke, avec Isabelle Huppert et Benoît Magimel, ainsi qu'Annie Girardeau, dans le rôle de la mère. Il a obtenu les palmes du meilleur scénario et des meilleurs acteurs principaux.
Le film est plus dur, car on sens moins le coup venir. Heureusement, prévenu par les critiques, j'ai réussi le prendre au deuxième degré, trop, vraisemblablement, car j'ai réussi à en rire, et visiblement j'étais le seul. J'étais dans un coin : personne ne m'a vu, ouf. J'ai passé un bon moment à double titre : psychologiquement, le film est bon, car il y a encore plus de suspense. En effet, le scénario, contrairement au livre, balise moins dès le départ les données de l'intrigue ; d'autre part, il y a moyen d'ironiser les personnages. Pour ces raisons, je pense que le livre est plus accessible que le film. Il faut dire qu'il me semble que les images semblent plus violentes que les mots, car l'imagination permet d'édulcorer ce que la vision rend plus cru.


Un bon livre, poignant. Si vous tenez le choc, vous pouvez voir le film ensuite.
J'ai bien aimé les deux.

Créée

le 19 sept. 2018

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