Le style d'écriture de La Planète des singes est simple, assez captivant, s'accordant bien avec son thème assez froid, satyrique. Ce récit court se lit d'une traite. L'idée de l'inversion singes/humains, victimes/bourreaux est intelligente. Ainsi on accède à plusieurs sortes de remises en question : D'abord le personnage, un peu prétentieux et désagréable selon moi, qui se retrouve dans une position d'impuissance et de soumission, et d'autant plus si on s'identifie à lui, nous rappelle que la hiérarchisation des êtres est un truc qu'on a inventé, et que notre place dans ce monde n'est pas plus haute, n'a pas plus de valeur que tout ce qui s'y trouve. Le roman nous offre donc, à travers les singes, une vision plutôt cynique et amère de l'être humain qui, soumis à son instinct, semble aveuglé par son égocentrisme, et traite tout ce qui est différent de lui avec bien peu d'égards. Est mise en avant aussi sa volonté de tout contrôler, asservir, pour s'improviser maître des lieux (en l’occurrence la Terre). Et ce dans un cercle vicieux un peu interminable, au sein duquel il ne progresse pas, comme le montre la pirouette de fin. On aboutit sur une remise en question du terme même d''animalité", car au fond, qui est le plus irraisonné, entre l'humain colonisateur et son prétendu savoir, ou l'animal ordinaire qui vit en harmonie avec son environnement et s'offre ainsi de belles promesses de survie ?
Le style reste assez plat, apathique, sans grand lyrisme, mais le récit est prenant et efficace, amenant clairement son propos, par une réflexion très peu développés en son sein mais laissée à l'entendement du lecteur que l'oeuvre vient volontairement bousculer.