A ma maman
Je ne serais pas qui je suis sans ma mère. Elle m'a porté à bout de bras pendant les 15 premières années de ma vie, dressée contre l'univers tout entier qui ne me voulait guère de bien. Contre mon...
Par
le 15 avr. 2018
85 j'aime
33
J'ai longtemps réfléchi à la manière dont j'allais m'y prendre pour écrire cette critique mais cela me semble être, quoi que j'écrive , une vraie gageure.
Romain Gary est un personnage absolument exceptionnel. Ce roman autobiographique nous parle de son enfance en Pologne, vivant dans un petit village avec sa mère et sans avoir jamais connu son père. A ce stade, on imagine mal le destin absolument fabuleux qu'allait être le sien.
Il nous parle en détails de la relation très, très spéciale avec sa mère. Une femme sûre de son bon droit, qui avait décidé que son fils serait ambassadeur de France, une promesse qui paraîssait complètement décalée, pour ne pas dire naïve, voire absurde. Et pourtant, la petite Femme, remplie de culot, d'audace et de pugnacité y est arrivé, non sans quelques sacrifices.
Et Romain Gary n'y est pas pour rien non plus. Après une enfance en Russie puis Pologne, le voilà parti pour la Terre Promise, rejoignant la France par Nice. S'ensuit alors un ensemble d'anecdotes toutes plus rocambolesques, émouvantes et incroyables les unes ques les autres. Aviateur, écrivain, résistant, diplomate... Commandeur de la légion d'honneur, croix de Guerre, Compagnon de la libération, unique récipendiaire du Goncourt à deux reprises, mariée à une femme dont il ne comprenait pas la langue, c'est une multitude de vies que Romain Gary a vécues, et il les relate avec brio, dans un français impeccable et un style littéraire absolument savoureux dans ce livre qui est proche du chef d'oeuvre.
La partie où on le prend pour un déserteur car il chercher à rejoindre (avec quelles difficultés!) l'Angleterre est vraiment captivante. Après qu'on lui ai refusé le titre de sous-officier au titre qu'il était naturalisé, il a continué de se battre, en vibrant de l'idéal patriotique insufflé par sa mère. La fin du livre est un vibrant hommage qui devrait arracher des larmes aux moins insensibles.
L'abnégation avec laquelle il retourne sans cesse au front, après toutes ses blessures, après la disparition de la grande partie de ses pairs, est une ode poignante au courage et à la persévérance, forçant le respect le plus total. C'est sûr, des hommes comme ça, on n'en croise que très peu dans sa vie, si tant est que ce soit le cas.
J'ai juste moyennement apprécié les scènes de violence. L'auteur se présente comme le parfait gentleman, ce qui passe dans les codes de l'époque par un bon cassage de gueule en règle si besoin, voire un duel en bonne et due forme. C'est le seul point que j'ai trouvé manquer cruellement d'élégance.
Créée
le 12 janv. 2019
Critique lue 444 fois
D'autres avis sur La Promesse de l'aube
Je ne serais pas qui je suis sans ma mère. Elle m'a porté à bout de bras pendant les 15 premières années de ma vie, dressée contre l'univers tout entier qui ne me voulait guère de bien. Contre mon...
Par
le 15 avr. 2018
85 j'aime
33
Romain Gary est un pilier de la littérature française. Il est le seul écrivain à avoir obtenu le Goncourt à deux reprises grâce à un astucieux subterfuge, l’utilisation de pseudonymes. Il obtient le...
le 27 août 2016
72 j'aime
8
Aujourd'hui, maman est morte. Comme ça, sans prévenir, sans rien. C'est pas tant que ce soit choquant, après tout, on sait qu'on est tous amenés à passer sous la lame de la faucheuse un jour à...
Par
le 14 juin 2016
43 j'aime
5
Du même critique
Je dois d'abord m'excuser platement ici de me permettre de critiquer un géant de la littérature comme Tolstoi, je conçois que je dois manquer cruellement de sensibilité pour n'avoir su être conquis...
Par
le 16 oct. 2014
22 j'aime
2
Chouette, je vais enfin pouvoir lire un livre de la légende Kafka, que dis-je, du momunent international de la littérature ! Bon, j'ai pas été déçu du voyage. Bien sûr, je suis un gros lourdot qui...
Par
le 25 avr. 2017
13 j'aime
Sur la trentaine de livres que je lis chaque année, il y a péniblement deux ou trois excellents livres, rarement un chef d’œuvre. Mais voilà. Pour moi, Asta est mon chef-d’œuvre de l’année. Je l’ai...
Par
le 21 nov. 2018
9 j'aime