Pour l'avoir lu d'une traite, vous ne serez pas surpris si je vous dis que j'ai aimé ce roman. A l'image de l'extrait présent dans le rabat de la couverture, le ton est détaché et ironique. Jamais à un seul instant, Bernard, le personnage principal, ne se prend au sérieux ou ne s'apitoie sur son sort. Il a pourtant des raisons de sombrer! A la cinquantaine, sa femme le quitte, au boulot c'est loin d'être rose et il retourne vivre chez ses parents vieillissants et intransigeants. Là où certains trouvent qu'à 50 ans si on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie, celle de Bernard n'est pas des plus envieuses. Mais c'est la vie...
Bernard est un gars lambda. Des Bernard il y en a plein. Un jour, la roue se grippe, plus rien ne va et c'est la descente aux enfers. On est à la fois peiné, fasciné et amusé par le destin tragique de Bernard qui pourrait être notre voisin, notre ami, notre épicier ou parfois même nous-même. J'ai retrouvé pas mal de traits de caractère similaires dans le personnage de Bernard ou de ceux de ses parents dans quelques uns de mes proches. Je ne donnerai pas de nom, je ne veux pas me fâcher! Toujours est-il que lors de ma lecture j'ai pouffé à maintes reprises de part les situations présentées et les liens que j'ai pu faire.
La relation parents / enfant que Bernard entretient avec les siens est particulièrement bien réussie. Ces parents octogénaires vivent une vie de vieux. Perruches inséparables, ils ne peuvent pas aller aux toilettes l'un sans l'autre, ils vivent les pieds collés à leurs patins et se réjouissent de regarder "Questions pour un champion". Oui c'est cliché à mort mais présenté à la Foenkinos c'est très drôle. Bernard, par sa situation, va venir tout bousculer dans leur quotidien et leurs réflexions et inquiétudes sont à mourir de rire. Pourtant Bernard est du genre discret et arrangeant mais ses parents sont ce qu'ils sont. Bernard est à leurs yeux toujours leur petit garçon et ce dernier va devoir régresser pour pouvoir rester chez papa maman un petit temps et ne pas finir sous les ponts.
Car là est tout le côté dramatique de "La tête de l'emploi". Derrière les situations tragi-comiques des relations intergénérationnelles et les réflexions empreintes de second degré de Bernard se joue un véritable drame. En quelques jours, la vie d'un homme peut basculer du tout au tout. Lundi, il est marié, heureux, avec une fille qui part faire un stage au Brésil. Mardi sa femme veut faire une pause. Mercredi il part vivre à l'hôtel. Jeudi il perd son boulot. Vendredi il n'a plus d'amis... Une série d'évènement qui pousse bon nombre de personnes au suicide laissant l'entourage dans l'incompréhension.
En tant que lecteur, on a envie que Bernard s'en sorte. Certes il n'est pas tout rose et "paye ses erreurs" mais personne ne mérite ce type de vie. On a envie qu'il envoie tout péter, qu'il reprenne le contrôle de sa vie, qu'il trouve un nouveau boulot et qu'il soit heureux. Foenkinos a raison, "le "Bernard" impose une sorte de familiarité tacite, pour ne pas dire immédiate". Son Bernard en tout cas pousse à l'empathie. Une vraie réussite que ce roman qui porte bien son nom et qui pour moi à rempli son contrat: me faire passer un bon moment. Je vous le conseille!