The cake is a lie !

Qu'obtient-on si on associe le concept de dystopie et des éléments de Science Fiction concoctés par le papa de Blade Runner, d'Ubik ou encore du Maître du Haut Château , qu'on saupoudre avec du contrôle de masse avant de napper le tout dans un contexte de 3e Guerre Mondiale ?

Eh bien cher(e)s gourmand(e)s, rien de moins qu'un bon gâteau baptisé La vérité avant-dernière qui ravira à n'en pas douter les lecteurs ayant adoré 1984 de G. Orwell !

La troisième Guerre Mondiale a éclaté sur les bases de la Guerre Froide et oppose la Dem-Ouest à la Pacif-Pol. Une vraie bonne grosse guerre atomique qui tâche et qui dévaste le monde au point d'en rendre la surface inhabitable et d'obliger les survivants à vivre dans des abris souterrains. Voilà maintenant plusieurs décennies que les habitants de la colonie souterraine Tom-Mix vivent dans des conditions précaires et produisent inlassablement des Solplombs pour alimenter l'armée composée de robots qui continuent le combat à la surface. Une lutte sans pitié dans des conditions apocalyptiques dont les avancées sont communiquées aux habitants des abris via des flashs télévisés du Protecteur de la Dem-Ouest; Talbot Yancy.

Mais voilà, arrive un jour où un homme, Nicholas St James, se voit contraint de braver l'interdit suprême en remontant à la surface pour dénicher un pancréas capable de sauver le mécanicien en charge de la production des robots soldats. Mais contre toute attente, une fois sur une la terre ferme il découvre que la guerre est finie depuis longtemps. Qu'il n'y a pas de radiations mortelles. Que les solplombs qu'ils fabriquent inlassablement ne servent plus à faire la guerre mais à constituer les armées privatives d'une poignée de nantis qui se sont partagés la Terre et vivent tels des seigneurs dans leur immense domaine.

Que depuis 15ans, la population mondiale vit dans le mensonge le plus total et que même Talbot Yancy qui les tenait informés de l'évolution du conflit n'existe pas. C'est en réalité un mannequin qui recrache des discours rédigés par les Yancee, les neo-seigneurs du monde qui se livrent une guerre de pouvoir et d'influence pour la domination du nouvel ordre mondial. Grosso modo Nicholas vient de troquer un conflit mondial meurtrier pour un autre. Et n'allez pas croire qu'il a gagné au change car tous les protagonistes qu'ils va croiser ont les dents longues et sont tous des stratèges chevronnés.

P.K. Dick a été profondément marqué par la Guerre Froide et au fil des années il est devenu totalement paranoïaque au point de ne plus avoir confiance en personne, et particulièrement dans les médias. Ici, il s'en donne à coeur joie et livre une oeuvre qui fait froid dans le dos. C'est peut-être moins philosophique qu'un Meilleur des Mondes ou viscéral que la dernière partie de 1984 mais le constat est sans appel; son univers est crédible, cohérent et terriblement bien structuré. Mieux, il se paie même le luxe de revisiter l'Histoire pour expliquer les fondements du traité de paix qui a mis fin à la WW3 et cela en utilisant le cinéma. Ca reste bien sûr de la SF mais c'est vraiment bien foutu et rien que cette partie (fictive) de l'Histoire pourrait donner lieu à un scénario de film.

Pour ce qui est de la SF, autant dire que les amoureux du genre trouveront leur bonheur avec une technologie à la fois omniprésente mais également discrète car savamment dosée et intégrée à l'oeuvre. Rien d'étonnant là-dedans puisque après tout on parle tout de même de P.K. Dick; un auteur sans qui aujourd'hui le cinéma de SF n'aurait ni l'aura ni le succès qu'on lui connaît. Bref, trêve de blabla, si vous aimez la SF, les dystopies et les scénarios rondement menés avec de la manipulation (de masse), des trahisons et des rebondissements alors je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce livre ! Une pure réussite et, à mes yeux, l'un des tout meilleurs romans de l'auteur !