Ce roman a pour sujet un fait divers sordide, arrivé dans une petite ville paisible jusque-là. Aurora va être le théâtre de ce roman policier où l’écrivain Marcus Goldman va remuer de vieux souvenirs pour trouver la vérité sur le meurtre de Nola Kellergan. Nola était une jeune adolescente, dont le corps vient d’être retrouvé, des années après sa disparition. Si le narrateur s’intéresse d’aussi près à cette histoire, c’est parce que le squelette découvert se trouve dans le jardin de son mentor : Harry Quebert, le fameux écrivain. Notre héros va donc tout entreprendre pour disculper cet homme qu’il admire.
A sa sortie, ce roman a fait beaucoup de bruit, notamment grâce au Goncourt des Lycéens et au grand prix de l’Académie française. J’avais donc des attentes particulièrement élevées en commençant ma lecture. Au premier abord, elles ont été satisfaites. Les changements de points de vue et de matériaux d’écriture (journal, récit, extrait de roman) stimulent et participent à l’éveil de notre curiosité. De même qu’on n’entre pas immédiatement dans le vif du sujet : Alors que le meurtre de Nola nous taraude, on fait peu à peu la connaissance de Marcus, de son succès de librairie et de ses désirs d’écrivain. Le récit de l’enquête ne va venir que plus tard, après la découverte de l’amitié qui lie Marcus à Harry.
L’ouvrage se construit sur plusieurs chapitres qui s’ouvrent à chaque fois avec une réflexion sur l’art d’écrire. Harry nous donne donc 31 conseils pour écrire le parfait chef-d’œuvre, conseils qui vont à rebours comme la numérotation des chapitres du roman. Ce compte à rebours qui nous mènera jusqu’au meurtrier de Nola. Je ne suis pas une adepte des romans policiers et j’ai donc particulièrement apprécié cette réflexion sur la littérature et l’impact de la lecture. Ce qui est intéressant c’est que ce thème et son développement vont finir par servir l’intrigue elle-même. Certains passages m’ont donné à réfléchir :
« Vous vous êtes mis à écrire parce que vous deviez faire une livre et non pas pour donner du sens à votre vie. Faire pour faire n’a jamais eu de sens […] Le don de l’écriture est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner du sens à votre vie. Tous les jours des gens naissent, d’autres meurent. Tous les jours, des cohortes de travailleurs anonymes vont et viennent dans de grand building gris. Et puis, il y a les écrivains. Les écrivains vivent la vie plus intensément que les autres. »
Les personnages proposés par Joël Dicker nous sont vite familier et il dresse à travers les habitants d’Aurora, un portrait de cette Amérique provinciale avec parfois son étroitesse d’esprit et ses préjugés, sa bêtise aussi. Les protagonistes sont criants de vérité. Le passage régulier au point de vue interne permet de comprendre les choix, les turpitudes de ces esprits qui roulent chacun pour un intérêt différent. La toile se déploie et nous enferme. On se fourvoie, on doute, on déteste, on pardonne en même temps que Marcus Goldman. Jusqu’au bout, les rebondissements fonctionnent pour nous tenir en haleine jusqu’à la dernière page.
Mais voilà, il m’aura fallu plusieurs semaines pour venir à bout de cette brique. Ce n’est pas le nombre de page qui explique la lenteur de ma lecture mais plutôt une sorte de lassitude. En effet, le roman tourne souvent en boucle, on a l’impression de relire et relire encore la même histoire. Certes le point de vue, la manière, la forme sont différentes mais l’intérêt reste limité et ce rabâchage devient à la longue indigeste et ennuyeux. Je n’ai habituellement rien contre les livres bavards mais là les digressions n’apportent rien de probant ou d’essentiel. Elles montrent le mécanisme de l’enquête mais perdent le lecteur. Je reste donc un peu mitigée sur roman.
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