Autant le dire tout de suite, je considère immérités les multiples prix littéraires accordés à ce roman. Sans doute le desservent-ils même, puisque, pour ma part, les premières pages ont été une déception qui ont failli me faire renoncer à ma lecture. Le style, sans être désagréable, n’a en effet rien d’extraordinaire. Jamais on ne relève une phrase, un passage, vraiment bien tournés ou qui pourraient faire penser : j’ai affaire à un grand écrivain. Là où le bât blesse, c’est que le roman est justement truffé de conseils d’écriture et de réflexions sur ce métier, assénés à chaque début de chapitre par le fameux Harry Quebert au jeune Marcus Goldman, le narrateur. Il y a quelque chose de bien ironique a ponctuer une écriture aussi fadasse d’autant de grandes phrases sur l’« Ecrivain » avec un grand « E »…


Un autre point que j’ai trouvé très négatif est une vision caricaturale au possible des États-Unis. La petite ville d’Aurora, cadre de l’enquête, à tout du décor en carton-pâte. Si quelques personnages sont intéressants, la plupart sont des archétypes à la limite du ridicule : la patronne de diner frustrée de sa petite vie et qui colporte des ragots en servant des hamburgers, l’éditeur new-yorkais près à tout pour se faire un maximum de fric, le flic ronchon mais honnête, la mère abusive parfaitement stupide… J’en passe et des meilleurs.


Mais laissons ces grosses déceptions de côté. L’affaire Harry Quebert, c’est avant tout un polar et donc, une enquête. On y suit les efforts de Marcus Goldman, écrivain à succès en grosse panne d’inspiration, pour faire innocenter son mentor, accusé d’un meurtre vieux de trente-cinq ans. Si l’histoire ronronne assez tranquillement pendant une bonne moitié du livre (on aurait sans doute pu se dispenser d’un quart), on se prend petit à petit au jeu et on veut connaître le dénouement de l’affaire. Alternant les époques, le récit est bien construit. Les indices, révélés au fur et à mesure, ainsi que quelques retournements de situation, permettent de garder l’intérêt jusqu’au bout. Je me suis surprise à accélérer ma lecture et à véritablement me creuser la tête pour découvrir le fin mot de l’histoire.


Malheureusement le dénouement, tiré par les cheveux, s’avère décevant et vient terminer le livre sur la même note de déception avec laquelle je l’avais commencé.

Jhü
6
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le 2 mai 2019

Critique lue 137 fois

Jhü

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