Là-Bas, préparez-vous au le satanisme et à l'hagiographie!

De ce livre que j'ai eu tant de mal à lire, il faudrait le parcourir un dictionnaire à la main pour saisir les nuances sémantiques d'époque et de thématiques, je retiens néanmoins, à tort ou à raison, quelques choses. Tout d'abord je constate ce désœuvrement bourgeois, teinté d'athéisme, qui se rue sur l'ésotérisme et le Moyen Age, insatisfait de son époque. Mais la fin révèle bien que croire à l'un sans croire à l'autre est alors difficile. Admettre le surnaturel dans une société encore très chrétienne, par ennui ou par soupçon, c'est concéder à Dieu son existence.
On aperçoit également le souci de Huysmans, encore un peu naturaliste, pour la catégorisation et l'explication systématique des tenants et des aboutissants de chaque sujet, il convoque des spécialistes, explore les Écritures afin de faire ressortir non seulement les arguments de ses personnages mais aussi les questions qui demeurent, les zones d'ombre et les contradictions. Si bien que même les agnostiques tels que Durtal et Des Hermies ont chacun des points de vue non seulement renseignés, par le biais de leur éducation religieuse et des rencontres qu'ils ont fait, mais aussi constamment en questionnement. On suit ainsi le parcours de ces idées qui sont étayées par l'exploration des deux « camps » les plus évidents, l'orthodoxie chrétienne et le satanisme emais on voit aussi émerger un entre-deux trouble représenté par la personne du Dr Johannès dont les pratiques, même si elles ont des fins orthodoxes, nécessitent l'existence d'un surnaturel plus franc et tangible que l'on ne l'imaginait à ce siècle de positivisme.
La question du positivisme et du matérialisme se pose également. Le dégoût du siècle se forme autour de la question du progrès, phénomène qui repousse l'existence du surnaturel et crée chez celui que son siècle ne satisfait pas, une envie d'occulte et de Moyen ge. Ce dernier se pose alors en époque idéale, malgré ses croyances religieuses fortes que repousse Durtal. On peut interpréter son attrait pour cette période comme une envie de retour à une société plus franche, plus forte dans ses croyances et qui s'éloigne par là de la mollesse et de l'entre-deux idéologique du XIXe siècle. Le siècle peut en effet être vu comme une période de sérieuse mutation, une sorte de laïcisation, extrêmement partielle de la société qui pousse à un rejet de la thaumaturgie notamment et à une explication physique, matérialiste des choses que l'on hésite désormais à attribuer au divin ou plus généralement au surnaturel, une opinion cependant partiellement repoussée par Des Hermies en sa qualité de médecin. On doit ainsi admettre des agnostiques voire des athées dont les points de vue sont merveilleusement rendus dans les dialogues de Durtal et Des Hermies.