John Medley, retraité sans histoire se réveille pour passer une journée comme les autres rythmée par ses habitudes, il se lève prend son petit déjeuner, lit longuement le journal et part faire un tour au drugstore... Ce n'est que vers 11h du matin en regardant par la fenêtre qui donne vers le jardin qu'il s'aperçoit que son jardin abrite un corps étendu au pieds d'un arbre. Après avoir fait les vérifications nécessaires, il s'avère que ce dernier est mort, Medley, qui a travaillé dans une morgue, n'est pas effarouché, et se hâte d'aller prévenir les autorités locales g^race au téléphone de sa voisine, lui même n'en étant pas équipé. En attendant les policiers, il hésite à mettre de la musique classique, un loisir qu'il adore, ne sachant pas si ce ne serait pas sacrilège, l'impatience le prenant il met un disque. Aussitôt, deux inspecteurs font leur entrée, l'un d'origine mexicaine, se présentant comme Frank Ramos, et l'autre Fern Cahan, dit Red à cause de sa chevelure rousse, probablement irlandais. Ils lui posent les questions d'usage, notamment intrigués qu'il n'ait pas découvert le cadavre plus tôt, Medley explique ceci par le fait qu'il n'ait qu'une seule fenêtre donnant sur le jardin et qu'elle ne soit pas exposée de façon à faciliter le regarder. Ils s'enquièrent ensuite de sa situation -célibataire, vivant de transactions immobilières, vivant à Tucson depuis six ans, érudit - et de savoir s'il possède ou non une arme. Toujours poli, il leur montre celle qu'il a obtenu pour se défendre en arrivant dans la région. Il précise même que la seule fois où il s'en est servi a été pour abréger les souffrances de son chien malade. Avant de partir, les enquêteurs demandent à Medley si il a entendu parler d'un certain Stiffler, à quoi il répond qu'il croit avoir lu son nom dans les journaux récemment En effet, Ramos croit avoir reconnu en lui la vitcime. A première vue cette homme n'a rien d'inquiétant, c'est du moins l'avis de Red, mais Frank a une intuition tenace sur la culpabilité de l'homme. L'enquête va se porter non pas sur le coupable, car il s'agit bien de John comme il l'avouera au lecteur au bout de quelques pages, mais de cerner le mobile qui a pu pousser cet homme tranquille à tuer un concitoyen qu'il n'avait jamais vu, et le laisser dans son jardin, au vu et au su de tout le monde.
Je crois que c'est Ancolie qui m'avait conseillé cet auteur au vu de mon engouement pour Jim Thompson. Je n'ai qu'une chose à lui dire, merci. La bête de miséricorde est un polar écrit à plusieurs voix, celle de l'assassin, des enquêteurs, du chef de la police, et de la femme de Ramos, qui est alcoolique. Il n'y a évidemment aucun jugement de valeur en ce qui concerne les personnages, même quand il s'agit d'Alice, mariée à Frank qui a complètement perdu le contrôle de sa vie, on assiste impuissant à ses interrogations, et on a quelquefois pitié d'elle, on se met à la place de son mari qui a pourtant tout tenté pour l'aider. Cependant cette intrigue secondaire prend juste la place nécessaire pour ne pas étouffer le polar. Ramos passe des nuits à veiller sa femme saoule, à aller la chercher dans les bars, et il passe au sein de son unité pour un alcoolique, triste paradoxe. Les préjugés raciaux sont soulevés de façon intelligente et subtile dans des "vannes" entre les différents personnages. On retrouve un monde à la Ellroy, glauque, avec des policiers au passé qui à la fois les entrave et les fait avancer. Medley est plus qu'un simple psychopathe, il cache lui aussi un lourd passé, ce qui bien sûr n'est pas un secret, mais est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît dans le début du livre, il a une conception Ciel/Enfer tout à fait inédite, qui ravira les nietzschéens et autres déçus de la religion. Pour conclure, Brown, un grand auteur, efficace, que je relirai avec plaisir quand l'envie de thriller me reprendra.
Diothyme
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le 3 mars 2011

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