Fenêtre sur cour

Dans un appartement dont elle sous-loue une chambre pour vivre, Monique, une vieille fille sans famille, guette de derrière ses persiennes la vie du quartier, et principalement l'immeuble de la famille Rouet qui lui fait face. Le père a fait fortune dans les tréfileries, c'est un vieillard effacé. Mme Rouet est une maîtresse femme appuyée sur une canne, une sorte de Junon. Le fils est employé par le père, c'est un être maladif, qui a épousé Antoinette, une jeune femme vive et dépensière, qu'il a sortie du ruisseau. L'appartement de Mme Rouet est au-dessus de celui du jeune couple. Un jour, Monique voit Antoinette rester face à son mari, qui a une crise très rude, sans lui donner son médicament. Il en meurt. Le reste de la famille la soupçonne mais ne peut rien prouver. Monique envoie une lettre anonyme à la jeune femme ("vous savez bien que vous l'avez tué !"), assiste aux obsèques, et devient de plus en plus dépendante de sa situation de voyeuse de la vie d'Antoinette. Celle-ci reste bien malgré elle cloîtrée dans l'appartement pour respecter le délai de décence du deuil. Elle invite un jour sa mère et sa soeur, deux êtres vulgaires que Mme Rouet fait chasser sans même se déplacer. Antoinette sort de la maison. Monique devient de plus en plus voyeuse et suit la jeune femme.

Une nouvelle glauque, mais peu inventive, sinon pour les notations climatiques, dans lesquelles Simenon excelle. L'écriture joue sur le fait que l'on hésite parfois entre un regard omniscient et une vision focalisée sur Monique. Ses observations, ses flashbacks d'une vie malheureuse et ses fantasmes forment un écheveau malsain et parfois déroutant, mais la nouvelle donne l'impression que Simenon n'a pas osé aller au bout de cette folie.