Ce week-end, j'ai rangé ma bibliothèque. A force de bouquiner, les livres s'entassent en piles plus ou moins stables et il devient parfois nécessaire de les mettre sur les étagères, ne serait-ce que pour les retrouver. Mais là, on se retrouve face à une grave constatation : on n'a jamais assez de place (en tout cas, moi, je n'en ai jamais assez). On range ses piles par ordre alphabétique, on met les nouvelles piles en bas des étagères où elles sont censées entrer (non mais déjà là ça rentrera jamais) et on pleure. Parce qu'il y a une chose qu'il faut savoir : les livres sont chafouins. Ils se reproduisent entre eux. Il s'étalent sur les étagères, prennent le plus de place possible, s'étiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirent les pages jusqu'à remplir des étagères qui ne l'étaient pas précédemment. Ce matin, j'avais encore 4 mètres linéaires d'avance. Ce soir je n'en ai plus que deux, ce qui commence à être sérieusement angoissant.

Quel rapport avec Nicole Krauss me direz-vous ? J'ai envie de répondre aucun, que c'est mon blog et que je fais ce que je veux, mais en fait il y en a un. J'utilise ma bibliothèque comme un baromètre. N'arrivent sur les étagères que les bouquins que j'aime. Et l'Histoire de l'amour n'y était pas arrivé. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille ! De fait, je ne me souvenais pas réellement ce que racontait ce roman. Maintenant, je m'en souviens. Un roman choral autour d'une gamine et d'un vieil homme. Dans la Grande Maison, un nouveau roman choral autour d'un bureau.

J'ai un problème avec les romans chorals*. Non pas que je n'aime pas ça. Ce n'est pas rédhibitoire, contrairement par exemple aux romans épistolaires qui me donnent des boutons. Mais la mode des romans chorals m'irrite, parce que c'est une mode. Depuis quelques années, tout bon roman américain qui se respecte doit avoir dix-huit voix et passer de l'une à l'autre sans plus de précisions. Parfois c'est bien fait, parfois non, mais cette omniprésence du procédé d'écriture m'agace profondément. Est-ce que c'est ce qu'on leur apprend dans leurs cours d'écriture ? Un héros, c'est chiant, plein de héros, c'est bath ?

Ici, tous les héros tournent autour d'un bureau énorme, dont on comprend plus ou moins qu'il a été confisqué à une famille juive par les nazis. Il est utilisé par tout un tas d'écrivains qui trouvent en lui une source d'inspiration, et le roman se fait ballet entre ces personnages qui se croisent et se ratent, se rencontrent et se quittent. Les liens sont parfois ténus, et parfois évidents, les rencontres ésotériques ou réelles. Le thème de l'écriture est central, ainsi que celui de la recherche et celui des relations parents-enfants. Et même si au final certains protagonistes (comme le père israélien et son fils) semblent peu utiles à l'histoire, ils restent de très belles pages d'écriture.

Mon principal souci avec ce roman restera celui-là : j'aime cette écriture, pleine de trouvailles et d'un rythme qui me plaît, mais j'ai trouvé beaucoup de longueurs, de passages centrés sur les états d'âme des personnages un peu trop étendus, de recherche de la petite bête. Il y a eu des pages que j'ai eu envie de sauter, et pour moi ça sent tout de suite mauvais. Comme son prédécesseur, la Grande maison ne restera pas dans la bibliothèque. Je ne l'ai pas assez aimé pour ça, et je n'ai pas la sensation que l'envie de le relire me viendra.

* oui ça s'écrit comme ça, oui c'est moche, m'embêtez pas
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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