"La maison en Calabre" est une chronique, datant de 1973. Elle a été écrite par Georges HALDAS, auteur suisse dont la manière d'écrire pose clairement un regard critique et bienveillant sur le monde. Ici, le prétexte est une arrivée en Calabre de quelques amis genevois à qui une jeune calabraise avait fait miroiter la possibilité de vacances de rêve, dans une petite maison avec vue sur mer et jardin ... Bref, "de quoi être heureux comme des Papes!" Mais voilà, une fois sur place, la villa n'est qu'une maison toujours en construction, non ou si peu meublée. Le jardin est une bande étroite de gravats; la vue, un champ de maïs et l'odeur fraîche de la nature, celle du cochon et de son auge qui jouxte la maison.
Scandale pour ces riches venus du Nord qui étaient venus là pour avoir des vacances et qui, vu le prix (somme toute assez modeste), se sentent en droit d'en "avoir" plus... Incompréhension pour ces gens du Sud qui, sur base de leur ancestral mode de vie ne peuvent même pas imaginer qu'on puisse avoir besoin de vacances et qui ne comprennent pas les exigences de ces arrivants , ne sachant que faire pour "être" plus accueillant vis-à-vis d'amis d'amis! Et entre eux, riches et pauvres, toute la suspicion du monde!


L'écriture pourra nous sembler un peu passée, délavée par le temps, une écriture qui utilise des procédés que plus personnes n'utiliserait tant ils semblent alourdir le récit ( l'amie F ne sera jamais autrement nommée que par une lettre, de même que M. L; le prix à payer pour la location restera x francs sans autre précision, et la concordance des temps, parfaitement respectée, fera la part belle au Passé Simple, aux Subjonctifs et autres subtilités propres aux belles plumes mais parfois quelque peu ardues à assimiler!). Néanmoins, Georges HALDAS signe ici une remarquable chronique qui, non seulement dit comment les gens vivent, mais aussi posent des questions sur le pourquoi vivre comme cela! "La maison en Calabre" est une belle mise en page d'une confrontation des points de vue, d'une réflexion sur nos modes de vies et le regard qu'on porte sur les autres ... Une chronique qui vaut son pesant de réflexions


Avec ce choc Nord/Sud que nous avons quelques difficultés à accepter sous peine de nous sentir très vite coupables, nos rencontres de vacances relèvent finalement bien souvent d'une histoire si simple... Pourquoi arrivons-nous si facilement à la compliquer ... si ce n'est par la grande étroitesse de nos regards sur autrui!

Créée

le 14 juin 2015

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