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Depuis Ambigüités, on connait le goût de l'australien Elliot Perlman pour la construction de récits audacieux, avec une multitude de points de vue, pour former une sorte de faux roman choral. Avec La mémoire est une chienne indocile (traduction de The Street Sweeper), l'auteur pousse les feux bien plus loin, dans un livre arachnéen, d'une ambition démesurée. A partir de deux héros principaux, un afro-américain, en liberté conditionnelle, et un universitaire juif en quasi dépression, Perlman compose un puzzle ébouriffant où se bousculent près d'une cinquantaine de personnages, impliqués ou victimes soit de la ségrégation raciale en Amérique soit de l'Holocauste. Ils sont tous, peu ou prou, témoins ou acteurs de l'histoire du XXe siècle avec un grand H. En passant d'une époque à l'autre, d'un individu à beaucoup d'autres, sans transition mais en s'attachant avec force détails au destin de chacun, le romancier fait preuve d'un souffle épique que le lecteur a parfois du mal à suivre, ballotté qu'il est par les spasmes de ce livre impossible à résumer. Tout juste peut-on évoquer ses thèmes les plus évidents : la mémoire, bien sûr, la transmission, la trahison, la justice, la paternité, la résistance, le courage, ... Plusieurs scènes sont inoubliables, celle d'ouverture, dans un bus, et, surtout, l'évocation quasi insoutenable du quotidien d'Auschwitz et de la rébellion du Sonderkommando de Birkenau, épisode méconnu des camps de la mort. Dans les dernières pages, tel un magicien, Perlman réussit à relier tous les fils et tous les personnages dans une conclusion où l'émotion emporte tout sur son passage. En dépit de son aspect touffu et terriblement dense, La mémoire est une chienne indocile s'impose par son ample humanité.

Cinephile-doux
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le 10 janv. 2017

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