Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

La frontière entre la lâcheté et le courage

La dictature militaire. Encore et toujours. Comment un romancier argentin, s'il est d'un âge moyen, pourrait-il faire l'impasse sur cette période noire de l'histoire du pays, avec son cortège tragique d'enlèvements, de tortures, de meurtres, de descentes de police, de délations et de "collaborations" ? Le narrateur de La nuit recommencée est un écrivain qui, trente ans plus tard, revit un moment -l'irruption nocturne d'inconnus chez ses voisins- qui le ramène à ces "années là" lorsque, adolescent, il a connu pareille scène qui ne cesse de le hanter depuis. Mise en abyme, bouffées obsessionnelles de la mémoire, enquête douloureuse pour démêler les fils de cette première nuit cauchemardesque et éclairer enfin les raisons du comportement ambigu et inexplicable de son père. Leopoldo Brizuela travaille son texte au corps, délivre les informations au compte goutte, nous perd parfois dans des allers et retours incessants entre présent et passé. Quand le livre prend des accents didactiques, il se révèle moins intéressant. Quand il s'attache à la psychologie complexe de ses personnages : bourreaux, victimes, indifférents, il est passionnant. Finalement, le frontière entre la lâcheté et le courage n'est-elle pas une ligne de partage difficile à définir, fluctuante et subjective ?

Cinephile-doux
6
Écrit par

Créée

le 13 janv. 2017

Critique lue 109 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 109 fois

Du même critique

Anatomie d'une chute

Anatomie d'une chute

le 28 mai 2023

Procès d'intentions

Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...

France

France

le 25 août 2021

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

The Power of the Dog

The Power of the Dog

le 25 sept. 2021

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...