La bit-lit doit-elle être un outil narratif pour attirer les lecteurs dans l'univers d'un auteur ? C'est la question qui me taraude depuis la moitié du premier livre de cette trilogie lue en quatre jours sous format numérique.


J'effectuai une découverte de Suzanne Roy avec la lecture de cette trilogie. Le synopsis, entre-aperçu sur un coin d'internet, m'avait intrigué. Il faut dire qu'en amateur de ce type de littérature il en faut peu pour attirer mon regard.


La déception pointa très vite le bout de son nez devant une trilogie qui tient de moins en moins les promesses d'une introduction prometteuse.
Je mentirais en disant que je me suis forcé à lire ces livres. L'auteure démontre sa capacité à se servir des mots pour exprimer une idée et sa plume se ne se montre pas désagréable, d'où la moyenne dans ma note (5/10).


Mais ce sont là les seules qualités de cette trilogie. Ses défauts sont malheureusement pluriels et assez marqués que pour avoir provoqué de la déception en lisant l'ouvrage.


Si je devais placer un défaut en tête de liste, je reprendrais le style de l'auteure. Il se laisse lire, il n'est pas compliqué bien qu'assez inconstant -on retrouvera ainsi du vocabulaire "élevé" pendant une phrase pour ensuite revenir à la base- et permet une lecture très détachée.
Cependant, la lecture devient vite pénible lorsqu'on s'attache au roman de par une lenteur exacerbée ! L'écoulement du temps par page est risible et l'on en vient à se demander s'il était réellement nécessaire que cette conversation prenne cinq pages alors qu'elle aurait pu être tout aussi poignante en vingt lignes.
L'héroïne prend plaisir à toujours s'opposer à quiconque lui parle, sans doute dans une volonté de l'auteure de montrer sa dualité, son caractère ou tout simplement son trouble. On se lasse irrémédiablement de ces dialogues sans fin dont on connaît l'issue puisqu'ils s'axent bien souvent autour de décisions qui semblent évidentes.
La lenteur de l'ouvrage est accentuée par une méconnaissance des personnages. Leurs portraits sont brièvement dressés et malgré trois ouvrages, certes courts, passés en leur compagnie je ne suis pas parvenu à me faire une image précise de tous les protagonistes.


La seconde grande déception est venue au fil de mes réflexions. J'ai l'impression que l'ouvrage en lui-même n'est qu'une couverture pour traiter un autre sujet, d'où cette question qui me trotte dans la tête, évoquée en début de critique.
Dès le début de l'ouvrage, on évoque la dualité entre deux clans, en réalité même le clivage de deux entités unies au départ. Cette obsession à vouloir démonter, tant dans les dialogues que dans la narration, ce second groupe. Une idée vient alors, serait-il possible que ce second clan, qui dénigre ses femmes, fait l'apologie de ses membres masculins, vit reclus, presque en autarcie et d'une manière très sobre pour ne pas dire arriérée, ne soit en réalité qu'une manière détournée de parler du mormonisme ?
Ce mode de vie, beaucoup plus proche du Canada que mon Europe natale, établit directement des liens avec ce clan qui est presque "l'ennemi originel" dont on nous rabâche les oreilles dès les premiers chapitres.
Bien entendu et n'étant pas dans les idées de l'auteure je ne puis étayer ces dires.
Cependant rien ne pourra m'écarter de l'idée que cet ouvrage n'aurait pas dû prendre l'orientation d'un thème comme le métamorphisme. Cette particularité, pourtant exploitée merveilleusement par des auteurs comme Roxanne Dambre, est délaissée au rang de simple capacité physique qui s'avère pratique pour mettre en place certaines scènes.
Non, cet ouvrage se serait sans doute trouvé meilleur public en s'exprimant sur un autre sujet. Je commence à voir que beaucoup d'auteurs tendent à surfer sur cette tendance actuelle, ne rendant pas justice au genre.


Bref, l'auteure n'est pas déplaisante, elle démontre une capacité à écrire - mais pas encore un talent - qui, j'en suis certain, pourrait être grandement améliorée. Avec une meilleure approche de ses histoires ou une meilleure exploitation du genre utilisé, Suzanne Roy pourrait faire mieux.

Dranna
5
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le 5 mai 2015

Critique lue 115 fois

Dranna

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