Je me suis beaucoup attachée aux personnages, à Oskar qui en prend plein la tronche à l'école parce qu'il est bouboule et a une tête et un comportement qui ne revient pas aux caïds, à Eli, petite fille solitaire et dans laquelle on sent poindre un soupçon de tristesse. Nous avons là les deux protagonistes de l'histoire, ceux sans qui rien ne se passerait. Mais on s'attache aussi aux nombreux personnages secondaires qui parsèment le roman: comme Tommy, copain de quartier d'Oskar qui passe son temps à voler et à sniffer de la colle dans la cave de la cité pour tromper son mal être, ou encore la bande d'alcooliques sillonnant les rues de Stockholm et ayant tous une personnalité et un destin propre. Lindqvist signe ici un roman froid, un roman dur, où la vie des uns n'est pas mieux que celle des autres. Une vie terne, nappée de brouillard où aucun espoir n'est permis. Le déterminisme social, la pauvreté, l'alcoolisme... Au milieu de ce brouillard, une lueur, l'amour et l'amitié. Ces deux sentiments vont sauver la vie d'Oskar et d'Eli en leur procurant un peu de bonheur, un peu de compréhension dans ce monde qui ne veut pas d'eux, mais va aussi détruire celle de nombreuses autres personnes qui gravitent autour d'eux. Dommages collatéraux. Oskar et Eli se sont trouvés, se respectent, s'aiment et s'épaulent. Ensemble ils peuvent affronter le reste du monde, la méchanceté et l'incompréhension. Seulement voilà, Eli est différente, elle ne peut pas vivre comme tout le monde, elle n'est pas ce qu'elle semble être, n'a pas l'âge qu'elle donne. Elle a une "maladie" qui l'empêche de vivre normalement. A cause de cette maladie, elle a été rejeté, est obligée de se cacher et n'a personne de proche sur qui se reposer.

Hakan vit avec Eli et une relation particulière existe entre eux. Entre désir et dépendance, un climat malsain règne dans leur appartement et certaines scènes sont difficilement soutenables... Je ne conseillerai donc pas ce roman à de jeunes ados. D'autant plus que les meurtres perpétrés dans la région sont des plus abominables. Car là est le deuxième volet de ce roman. Ce qui pourrait être un simple roman de littérature contemporaine, critique sur la société actuelle, sur la précarité, sur la vie dans la banlieue d'une capitale et sur le sentiment de solitude est aussi un thriller et un roman fantastique. Les meurtres se multiplient dans la ville alimentant de folles rumeurs. Il est difficile de parler de "Laisse moi entrer" sans en dévoiler trop mais ici nous avons les deux visions des évènements, nous sommes des deux côtés de la barrière, au côté de l'opinion publique et de la police mais aussi au côté des meurtriers.

De nombreux sentiments se mèlent à la lecture de ce roman, tant et si bien, qu'à la fin, on ne sait quel aspect mettre en avant. Pour ma part, je retiendrai de "Laisse moi entrer" l'insouciance de l'enfance, la force de l'amitié, la psychologie des personnages. Je ne connaissais pas John Ajvide Lindqvist et je compte bien fouiller dans sa bibliographie. A lire!
Nelfe-et-MrK
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le 29 juil. 2011

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Nelfe-et-MrK

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